Mariage gay : les 13 acteurs qui ont fait le spectacle à l’Assemblée
Mardi 12 janvier 2013 : l’Assemblée nationale française accorde aux couples de même sexe le droit au mariage et l’accès à l’adoption. Une date pour l’histoire.
Les deux semaines de discussions qui ont précédé ce vote sont impossibles à résumer. Chaque camp s’est figé sur ses positions puis tout n’a été qu’obstruction et lutte contre le temps, donnant à voir un spectacle anachronique. Claude Bartolone lui-même a convenu qu’il était urgent de se pencher sur les règles de fonctionnement de cette Assemblée qu’il préside. Vœu pieux ? Les combattants du Pacs se souviennent d’une résolution similaire prise par le président de l’époque, Laurent Fabius...
Personnages familiers
Christiane Taubira est devenue l’idole des partisans du « mariage pour tous ». Dominique Bertinotti a survécu à son baptême du feu. Hervé Mariton est devenu une star. Henri Guaino s’est cramé. Bizuté par la droite, le rapporteur du texte, Erwann Binet, a fini par s’imposer. Quant à Jean-Jacques Urvoas, le président de la commission des Lois, il a confirmé qu’il était un guérillero de la procédure. Voilà pour les têtes d’affiche attendues.
Et puis il y a les révélations : des inconnus que l’on découvre, et des connus que l’on redécouvre. Pour ceux qui ont suivi les débats le jour et/ou la nuit, ils sont devenus des personnages familiers. Pour les autres, voici leurs portraits « en séance » – ce à quoi ne se réduit sans doute pas leur personnalité.
Marc Le Fur (UMP), l’ami de la belle-mère
Sergio Coronado (EELV), tellement gay
Julien Aubert (UMP), le « nain réac »
Annie Genevard (UMP), The Voice
Nicolas Dhuicq (UMP), Psy-Show
Bays et Galut (PS), tout feu tout flamme
Catherine Vautrin (UMP), « la mère Noël »
Olivier Dussopt (PS), piano-piano
Laurent Wauquiez (UMP), néo-voyou
Poisson et Gosselin (UMP), épiscopaux
Marie-George Buffet (PCF), sans couteau
Quand il parle, c’est la couleur qui étonne. Sa diction évoque volontiers les films en noir et blanc. Teint rose-poupon, tonsure de moine publicitaire, il effectue des moulinets du poignet que n’aurait pas renié Michel Serrault dans « La Cage aux folles ». Capable de lire Paris Match au micro, de demander à intervenir pour annoncer que « L’Allemagne bat la France 2-1 » au foot, il est très cabot et serait formidable en one-man show sur les grands boulevards.
Mais c’est aussi, à droite, celui qui semble le plus intimement habité par le combat contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels.
Quand, les derniers jours de débat, l’Assemblée entière semblait consciente de s’enfoncer dans des abîmes d’absurdité, Marc Le Fur continuait à batailler comme au premier jour, accusant la gauche de « nationaliser les enfants » parce qu’elle n’est « plus en mesure de nationaliser des biens », invitant ses collègues à « écouter la France profonde », s’interrogeant sur le nom à rallonge que créerait la mariage d’un Français d’origine portugaise avec un rejeton de vieille noblesse (« Pour un peu, c’est plus un nom, c’est une valise ! ») ou disant sa fierté « d’appartenir au même groupe que David Douillet qui a porté les couleurs de la France au moment où d’autres militaient pour l’indépendance de la Guyane. »
A plusieurs reprises, d’ailleurs, il a rappelé à Christiane Taubira que la droite avait une dette envers elle – allusion lourdaude à l’élimination de Lionel Jospin en 2002.
Le 5 février, il a sonné l’alarme :
« Je souhaite convoquer les mânes de Courteline, Feydeau, Labiche et Guitry. En transformant l’article 206, mes chers collègues, vous supprimez la belle-mère ! Vous supprimez un personnage essentiel de leur théâtre ! Vous portez un coup terrible au théâtre de boulevard ! La belle-mère disparaît ! »
Très content de sa vanne, il l’a abondamment resservie et a assuré qu’il croulait, depuis, sous les « messages de soutien des intermittents du spectacle ».
source:rue89.com