Deux jeunes homosexuelles ont été agressées, sans être blessées, et ont fait l'objet aujourd'hui en banlieue parisienne d'insultes homophobes de la part d'un groupe de jeunes gens, dont deux ont été placés en garde à vue, selon des sources policières.
Le couple de jeunes filles, âgées de 17 et 18 ans, a été pris à partie sur le quai du RER A à Pontoise (Val-d'Oise). Elles ont indiqué à la police avoir été violemment bousculées et avoir eu les cheveux et les vêtements tirés. "Putains de lesbiennes", "Vous baisez?", leur auraient notamment lancé leurs agresseurs présumés. Les faits se seraient prolongés durant leur trajet vers Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) où la police, alertée par les victimes, attendait le groupe.
Les jeunes filles ont porté plainte dans la soirée. Elles n'ont "pas été blessées" mais sont "choquées", selon une des sources policières. Sept jeunes gens, tous âgés de 17 ans, venant pour la plupart du Val-d'Oise, ont été interpellés pour "violences volontaires en raison de l'orientation sexuelle" et deux d'entre eux, dont une jeune fille, ont été placés en garde à vue vendredi soir, selon cette même source. Les cinq autres seront convoqués ultérieurement pour être entendus comme témoins.
L'enquête a été confiée au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. Selon le rapport 2017 de SOS Homophobie, 212 agressions physiques à caractère homophobe ont été recensées en 2016 en France par cette association qui lutte contre la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie. Un "chiffre en-deça de la réalité", a précisé vendredi à l'AFP un de ses porte-paroles.
Jaimie Deblieck, le gagnant du concours de Mister Gay Belgium 2017, a été attaqué par des inconnus la nuit dernière alors qu’il sortait avec des amis à Roulers
Jaimie Deblieck, vainqueur du concours Mister Gay Belgium l’année dernière, a été frappé dans la nuit de vendredi à samedi par un inconnu, alors qu’il était de sortie à Roulers, sa ville natale. Hospitalisé le temps d’un contrôle, le jeune homme de 22 ans a finalement pu rentrer chez lui.
Dès son retour, il a publié une photo sur les réseaux sociaux en y ajoutant un commentaire faisant référence à son agression : « M’attaquer par derrière est une chose, mais me qualifier de « Putain de PD » en est une autre, et tu vas le regretter. Je ne vais pas laisser passer ça, lâche », a-t-il écrit.
Dans les massifs où l’attachement aux valeurs traditionnelles reste fort, s’écarter des normes sociales est souvent synonyme d’une intégration difficile.
Quatre ans après avoir participé à ses premiers JO d’hiver à Sotchi en Russie, Gus Kenworthy, skieur acrobatique américain, va retrouver les pistes olympiques à Pyeongchang, en Corée du Sud, comme dans la peau d’un autre homme. Pas seulement parce que cet athlète de 26 ans originaire du Colorado a déjà remporté en Russie une médaille d’argent sur l’épreuve du ski slopestyle, qui consiste à descendre une piste parsemée de tremplins tout en réalisant des figures. La vraie bascule, dans sa vie, a eu lieu le 22 octobre 2015, quand le vice-champion olympique a déclaré son homosexualité dans le magazine sportif ESPN.«Je suis gay», a t-il tweeté le même jour.
Dans l’univers du ski freestyle, à l’image en apparence extra-cool, un coming out pourrait sembler une chose presque banale. Mais à en croire Gus Kenworthy, présenté par les médias américains comme le premier athlète des JO d’hiver à avoir fait son coming out, et qui a raconté au Time les moqueries entendues pendant des années sur les homosexuels, il n’en est rien. La culture du freeski transpire le machisme. Les meilleurs skieurs se vantent à propos des femmes qu’ils ont ramenées chez eux après une nuit de fête. Les railleries homophobes sont courantes. «Pédé» est un terme pour exprimer le ridicule. Les auteurs de figures acrobatiques médiocres sont qualifiés de «gay». «Quand tu entends ce langage qui détruit ce que tu es, tu te renfermes encore plus dans le secret qu’avant», a t-il confié au magazine Time.
Un monde conservateur
La grande majorité des athlètes qui concourent aux JO d'hiver (ski alpin, ski freestyle, ski de fond, snow etc…) sont originaires d’un environnement montagnard qui a connu, depuis 50 ans, l’explosion touristique liée à la pratique massive du ski alpin. En Europe ou en Amérique du Nord, les stations ont poussé comme des champignons et l’argent a coulé à flots dans les vallées. Dans cet ancien monde rural qui a basculé de manière très rapide dans la modernité, l’attachement aux valeurs traditionnelles reste fort. Être «différent», homosexuel ou étranger, est comme lutter pour garder son équilibre sur une piste noire, quand les autres n’auront qu’à pousser sur les bâtons pour dévaler une piste verte. «C’est un milieu assez fermé. Ce n’est pas facile de s’y intégrer quand vous venez de l’extérieur», note Hervé Jouniaux, responsable du ski à l'université Grenoble Alpes, et qui entraîne également des jeunes au pôle de ski nordique sur le plateau du Vercors.
«Sur le plateau du Vercors, c’est très conservateur. La population s’ouvre et évolue, mais reste très ancrée à son identité et à ses valeurs. Même chez les jeunes qu’on entraîne, on ressent cet attachement fort au massif et une revendication de l’identité locale. Cela vient de l’éducation de leurs parents. Il y a un décalage avec le monde extérieur. Quand des jeunes qui ont fait toute leur scolarité sur le plateau du Vercors descendent à Grenoble pour poursuivre leurs études, ils sont désorientés en ville. Ce n’est pas une société dont ils connaissent les valeurs, le mode de vie.»
Un entraîneur de ski alpin du Comité des sports de neige du Dauphiné va plus loin en glissant qu’en milieu montagnard, «il y a parmi la population un racisme qui est prégnant envers les étrangers où envers ceux qui ne seront pas dans les “clous” des normes sociales». Ancien skieur de l’équipe de France et vice-champion du monde du Super-G en 2013, Gauthier de Tessières a connu la difficulté de se faire une place parmi les «Savoyards», comme il les nomme, omniprésents dans le ski alpin professionnel.
Originaire de Clermont-Ferrand, il a fait ses premières gammes dans le Massif Central. Mais pour continuer à progresser et intégrer l’équipe de France, l’expatriation dans les Alpes était obligatoire.
«À niveau égal, il faut en faire plus pour se faire une place dans un groupe quand vous venez d’une région, comme Clermont-Ferrand pour moi, qui n’est pas rattachée au territoire alpin, raconte Gauthier de Tessières. Pour les Savoyards, gagner sur des skis, cela représente une fierté énorme. C’est quelque chose qui façonne leur identité.»
Dans le monde des professionnels des sports alpins, la population est peu mixte. D’abord par la logique géographique qui veut qu’un enfant né à Chamonix aura évidemment plus de chance de devenir un skieur doué qu’un Parisien. Question de précocité, d’accessibilité au massif et d’heures passées sur les skis. Mais même en montagne, les inégalités économiques entre les classes populaires, souvent rejetées en début de vallée dans les zones industrielles, et les habitants de stations, qui profitent davantage de la manne touristique, se font sentir.
«Le ski alpin n’est pas un sport dont la pratique est possible pour tous les milieux, note Hervé Jouniaux. Il y a une sélection par les revenus financiers. Pour permettre à votre enfant de faire de la compétition, il faut lui payer le matériel, les déplacements… Cela coûte très cher. Dans les stations, beaucoup d’enfants ont la chance d’avoir des parents qui ont un restaurant, des commerces, donc les moyens d’être derrière leurs enfants. Mais pour des familles qui ont des moins de revenus, c’est plus dur. J’observe qu’aujourd’hui, moins de parents vont mettre toutes leurs ressources pour soutenir leur enfant dans le haut-niveau, car la crise est passée par là et les gens se rendent compte que c’est très difficile.
La virilité des snowparks
À l’ombre des pistes de ski, les snowparks, temples de nouvelles pratiques de glisse importés des rivages californiens aux montagnes dans les années 1970, sont aussi empreints d'un certain conservatisme. Au départ, le snow s’est construit en prenant le contre-pied du ski alpin. Une philosophie post-1968, où l’esthétique et le plaisir primaient sur la logique de résultats. Et puis, les disciplines de freestyle se sont institutionnalisées, avec la création de fédérations, de compétitions.
La chercheuse Johanne Pabion Mouriès, auteure d’un article universitaire sur les snowparks et leurs utilisateurs dans les stations françaises, a observé les profils des usagers de ces équipements de glisse. «On a beaucoup de locaux avec des pratiques régulières en snowpark, que l’on peut qualifier d’experts de par leur niveau». Ce sont souvent des jeunes du cru qui ont aidé les municipalités à imaginer ces infrastructures pour qu’elles répondent le mieux à leurs besoins. Ils occupent l’espace et font le show en multipliant les concours de figures. Et puis à l’opposé, il y a les freestylers occasionnels, qui observent plus le spectacle sur le snowpark qu’ils n’en sont les acteurs. «Ce sont plutôt des gens qui viennent de centres urbains, comme de Paris, et qui sont là pour les vacances. Ils vont se contenter d’une figure ou deux, puis regarder les meilleurs faire les leurs», glisse Johanne Pabion Mouriès. Dans cet espace, Johanne Pabion Mouriès a observé que la virilité était l’une des valeurs des pratiquants, majoritairement masculins, dans la construction de leur identité.
«J’ai notamment vu une différence entre les jeunes et les anciens, ceux qui ont 40 ans. Les premiers ont intégré le port du casque, cela fait même partie du style vestimentaire maintenant. Mais les plus âgés le portaient beaucoup moins. Quand je les ai interrogés là-dessus, ils me répondaient que “c’est aussi être un homme que de savoir prendre des risques”.»
Un univers mâle, dont les blagues machistes ont longtemps blessé Gus Kenworthy. Une nuit, il avait craqué quand un ami lui avait demandé s’il était gay après avoir refusé les avances d’une mannequin lors d’une fête. Mais le skieur acrobatique américain a aussi confié sa surprise d’avoir reçu des dizaines et des dizaines de messages de soutien de la part de skieurs, d'entraîneurs, de sponsors ou d'amis à la suite de son coming out.
«À l'idée d’être le premier homme ouvertement gay à participer aux JO d’hiver, je me sens totalement prêt à assumer cela. Je veux tellement inspirer cette communauté et bien faire pour eux. C’est fucking cool», a t-il affirmé dans son interview accordée au Time. Loin de l'ambiance pesante des jeux de Sotchi, où le comité olympique américain avait conseillé à ses athlètes de ne pas discuter les lois anti-homosexuelles de Moscou, Kenworthy n’aura pas à se cacher en Corée du Sud, pays plus tolérant envers les gays. Même si aucun droit n’y est officiellement reconnu aux personnes de la communauté LGBT: l’homosexualité reste un tabou à Séoul comme à Pyeongchang. L’image d’un Kenworthy triomphant sur les tremplins pourrait participer au lent changement des mentalités, dans les vallées alpines comme sur la péninsule coréenne.
Fait divers. Deux individus ont commis des agressions ouvertement homophobes, samedi soir en plein centre-ville. Des victimes ont accepté de témoigner, en soulignant le caractère exceptionnel des faits.
C’est une publicité dont il se serait bien passé. Quand il est interrogé par la presse, d’habitude, c’est pour parler de culture, de cinéma, de rêve et de paillettes... Mais plusieurs raisons l’ont mené à vouloir parler publiquement du drame qui s’est joué dans la nuit de samedi à dimanche, vers 1 h 30, place du Puits-Salé.
Nicolas Bellenchombre, bien connu à Dieppe pour être le président de l’association Ciné Deep et le directeur artistique du festival du film canadien, rentrait du casino, avec son compagnon Alexis. «On chantait. Rue du 19-Août-1942, on a dépassé deux hommes qui fumaient. Une fois passés, ils nous ont interpellés et envoyé des projectiles, des briquets». Nicolas et Alexis continuent à avancer sans se retourner ni répondre aux provocations. Mais les deux hommes les rattrapent et les prennent à parti : «Pourquoi vous nous regardez? C’est quoi ce parapluie de pédé?» Avant que Nicolas et Alexis se rendent compte de quoi que ce soit, les coups pleuvent : «Alexis a pris un coup de poing et a réussi à se sauver en courant, reprend Nicolas Bellenchombre. Et ils ont dit: On se met sur la grosse tarlouze. Alors, je leur ai proposé de prendre mon argent, mon téléphone, mon sac. Ils ont répondu: C’est pas ça qu’on veut, c’est ta gueule. Ils m’ont frappé au visage, je suis tombé, ils ont continué à me frapper aux jambes et à la tête. Mes oreilles bourdonnaient et un voile blanc est passé devant mes yeux, mais j’ai réussi à me relever. Quand ils ont vu qu’Alexis, un peu plus loin, appelait à l’aide et téléphonait aux secours, ils sont partis en courant. Juste après avoir écrasé mon téléphone, par terre, d’un coup de talon.»
À l’arrivée de la police, les pompiers sont alertés : ils emmènent Nicolas, en sang et très choqué, aux urgences. Souffrant de multiples traumatismes crâniens et d’un épanchement de liquide céphalorachidien, il y restera jusqu’au lendemain soir. Alexis, lui, embarque à bord de la voiture de police, qui va tourner en ville à la recherche des agresseurs. En vain.
« Ils auraient pu me tuer »
Si Alexis a pu porter plainte dès le lendemain au commissariat, Nicolas, lui, doit rester immobile, chez lui, pendant six semaines : «Des policiers viendront chez moi prendre ma plainte.» Et il redoute déjà de ressortir, surtout le soir : «Alexis est angoissé, il regarde derrière lui sans cesse quand il est dans la rue. On est hypertraumatisés: ce qui nous est arrivé est inattendu, totalement gratuit et extrêmement violent. Ils auraient pu me tuer.»
Pourtant, quelques jours à peine après l’agression, le visage et le corps encore tuméfiés et endoloris, en proie à de sérieuses céphalées, Nicolas veut passer un message. Un message important qui justifie en grande partie son envie de parler : «Je ne veux pas en rester là car ça doit servir d’exemple pour l’avenir: je veux que ces deux hommes soient retrouvés et jugés. Dieppe n’a jamais été et n’est pas une ville homophobe. Il s’agit, surtout, de ne pas faire d’amalgame: ça peut arriver n’importe où, Dieppe n’est pas une ville où ça craint. Mais de la misère humaine et de la connerie, on en trouve partout.» Autre précision qui peut avoir son importance : «Mes agresseurs étaient Français et bien blancs, ce n’étaient pas des migrants!»
Le caractère homophobe ne fait aucun doute, puisqu’un autre Dieppois, qui lui souhaite garder l’anonymat, témoigne à son tour : «C’était vers minuit, le même soir. Je rentrais chez moi, accompagné. Quatre hommes se sont mis à nous insulter de «pédé» et «fils de pute», en nous suivant vers l’église Saint-Rémy. Mon ami est rentré dans un bar mais je n’ai pas entendu qu’il m’appelait et j’ai continué à marcher. Alors l’un des hommes m’a roué de coups, y compris quand j’étais à terre, pendant qu’un autre regardait et que les deux derniers se tenaient plus loin. Ça s’est arrêté quand des clients du bar sont ressortis. Je suis allé direct à l’hôpital.» Il assure ne jamais avoir subi de près ou de loin de telles agressions auparavant à Dieppe «où je suis né et où j’ai toujours vécu. Et je ne changerai pas ma façon de vivre et de sortir».
Nicolas Bellenchombre va lui aussi se soigner et reprendre une vie aussi normale que possible. À Dieppe, cette ville qu’il aime, où il s’est installé et où une foule innombrable lui a témoigné, par mille biais, son soutien. Parmi ces attentions, celle du maire Nicolas Langlois : «J’ai eu Nicolas au téléphone. Ce qui s’est passé est intolérable et ne doit pas se reproduire. J’ai ensuite échangé avec le commissaire pour faire le point, lui faire part de mon opinion et lui demander de me tenir informé des suites.»
Des faits « complètement isolés »
La police dieppoise s’est saisie de l’affaire et mène l’enquête.
De mémoire de Dieppois, une seule autre agression explicitement homophobe a eu lieu dans la cité d’Ango. C’était aussi un samedi soir, en juillet 2010 : trois jeunes interpellent un couple d’hommes à proximité du pont Colbert, avec des propos clairement homophobes, avant de rouer de coups l’un d’entre eux, tandis que le second fuit pour prévenir les secours. La victime, un cinéaste parisien, ressort des urgences douze heures plus tard, avec une trentaine de points de suture. Et la ferme intention de revenir à Dieppe voir ses amis, malgré tout.
«Ça ne colle pas avec Dieppe»
Quelques jours plus tard, les policiers appréhendaient les auteurs des faits, trois individus, âgés de 17 et 18 ans, avant leur passage devant la justice, l’année suivante.Une source policière confirme que ce sont là les seuls faits qualifiés d’homophobie qui se soient produits à Dieppe : «Les faits de samedi soir sont complètement isolés. Ils sont curieux et ne collent pas du tout à ce qui se passe à Dieppe en général. Nous ne recevons pas même de main courante pour des problèmes d’homophobie et nous n’avions aucun signe avant-coureur» pour les derniers faits survenus samedi soir. Des faits qui sont confirmés mais pas commentés, une enquête étant en cours. Au commissariat, on confirme également, néanmoins, qu’une «autre agression, moins grave, a eu lieu le même soir non loin de là, sûrement perpétrée par les mêmes auteurs».
Dernière confirmation : le commissaire de police dieppois a été en contact avec le maire Nicolas Langlois et le député Sébastien Jumel au sujet de l’agression de samedi soir : «C’est le procédé normal en cas d’infraction et de trouble à l’ordre public.»
Le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a mis en garde l'Indonésie mercredi contre la montée de l'intolérance à l'égard de la communauté LGBT, à la suite de récentes arrestations dans l'archipel d'Asie du Sud-Est.
Depuis quelque temps, des ministres, des conservateurs et des groupes islamistes se livrent publiquement à des propos homophobes, tandis que la police indonésienne a fréquemment recours aux strictes lois anti-pornographie pour réprimer des membres de la communauté LGBT.
« Le discours haineux contre cette communauté, qui est semble-t-il utilisé cyniquement à des fins politiques, ne va qu'aggraver ses souffrances et créer des divisions inutiles », a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein lors d'une conférence de presse à Jakarta, à l'issue d'une visite de trois jours.
Depuis la chute du régime dictatorial de Suharto en 1998, l'Indonésie est devenue l'un des pays les plus progressistes de la région, a observé le haut commissaire de l'ONU.
« Depuis 1998, l'Indonésie a réussi une transition vers la démocratie et l'a associée à une importante croissance économique. À un moment où elle consolide ses avancées démocratiques, nous recommandons avec insistance aux Indonésiens d'aller de l'avant - et non pas en arrière - en matière de droits humains », a souligné Zeid Ra'ad Al Hussein.
Ses déclarations interviennent sur fond de répression visant la petite communauté LGBT dans le pays musulman le plus peuplé au monde, alors que les organisations de défense des droits de l'homme ne cessent de dénoncer les abus.
Les relations homosexuelles sont légales en Indonésie, à l'exception de la province d'Aceh, la seule du pays à appliquer la loi islamique (charia).
La police y a récemment interpellé des femmes transgenres, leur a coupé les cheveux de force et les a contraintes à mettre des habits d'hommes.
Par ailleurs, le Parlement indonésien examine actuellement un amendement au Code pénal qui rendrait illégales les relations homosexuelles ainsi que l'adultère.
Une habitante de Nantes a déposé un recours contre une subvention de 22 000 € votée en 2016 par la ville de Nantes, qui fait appel de la décision.
Au conseil municipal de Nantes du 5 février 2016, le vote de la subvention de 22 000 € au profit du centre lesbien, gay, bi et transidentitaire (LGBT) avait déjà fait du bruit. À l’époque, les élus de droite avaient voté contre ou s’étaient abstenus.
Par la suite, une habitante de Nantes a saisi le tribunal administratif aux motifs, selon elle, que l’attribution de cette subvention « ne répond pas à un intérêt public local suffisant », que « l’attribution de cette subvention à une association intervenant au profit d’une catégorie de population seulement méconnaissait le principe d’égalité » et que son attribution n’est pas neutre car « versée à une association menant des actions à caractère politique et apportant son soutien à la gestation pour autrui, pratique illicite pénalement sanctionnée ». Ce dernier point faisant référence à une réunion d’information, organisée en 2015, relative à la GPA.
« Cette décision interroge les principes de liberté d’association »
Ce mercredi 7 février, le tribunal administratif de Nantes a donné raison à cette plaignante et annulé la délibération du conseil municipal, considérant notamment « qu’eu égard à ces prises de position publiques adoptées ou relayées par l’association centre LGBT de Nantes, notamment en faveur de la GPA, contraire à l’ordre public français et pénalement réprimée, l’attribution de la subvention litigieuse par la ville de Nantes ne peut être regardée comme exempte de tout motif politique ».
De son côté, la Ville a décidé ce jeudi 8 février de faire appel de cette décision. « La convention qui lie la Ville de Nantes et le centre LGBT a pour vocation de soutenir l’ensemble des actions conduites par le centre en faveur de la visibilité et de l’épanouissement des personnes homosexuelles, bisexuelles et trans », réagit-elle. « Au-delà du motif invoqué, c’est l’ensemble des actions du centre qui se retrouvent mises en cause. Cette décision interroge par ailleurs les principes de liberté d’association et de liberté d’expression. »
Hier, La Manif pour tous, collectif opposé au mariage homosexuel, a demandé au tribunal administratif de Toulon d’annuler la subvention de 100 000 € accordée par la ville de Marseille à l’association Lesbian and Gay Parade
La Manif pour tous, collectif d'associations très à droite né de l'opposition à la loi sur le mariage homosexuel, a contesté jeudi, devant la justice administrative, une subvention allouée en mars 2013 par la ville de Marseille à une association gay et lesbienne pour organiser l'Europride. L'antenne Paca de La Manif pour tous demandait au tribunal de Toulon d'annuler les 100 000 euros votés à l'époque par la municipalité marseillaise et d'ordonner le remboursement des sommes versées, a précisé l'avocat du mouvement, André Bonnet. Le tribunal doit rendre sa décision sous quinzaine, a ajouté Me Bonnet, qui indique que le rapporteur public a conclu au rejet au fond de l'ensemble de la requête. "On verra ce que dira le tribunal mais je pense qu'on ira en appel", a indiqué l'avocat.
Sur le fond, la Manif pour tous soutient que l'attribution d'une telle subvention "échappe à la compétence communale", selon Me Bonnet, qui explique dans ses conclusions que "la commune ne pouvait légalement s'engager dans un débat politique national, étant rappelé que l'un des objectifs principaux annoncés de la manifestation était l'obtention du mariage homosexuel et que la loi n'avait alors pas encore été adoptée".
La subvention allouée par la Ville avait été attribuée à l'association Lesbian & Gay Parade Marseille, chargée d'organiser du 10 au 20 juillet 2013 l'Europride, qui devait réunir plusieurs centaines de milliers de participants. Au final, la manifestation s'était soldée par un bilan calamiteux : nombreux couacs d'organisation, concerts annulés, et surtout, une fréquentation très en deçà des chiffres annoncés. À l'époque, par ailleurs, sur fond de rivalités entre plus associations LGBT marseillais, d'anciens cadres de la Lesbian en Gay Parade avait dénoncé la "main mise "sur l'événement de Sébastien Chenu.
Un adhérent UMP alors proche de Jean-Claude Gaudin et de Jean-François Copé, et dont la boîte de com, SC Conseils, avait facturé ses services 7 000 € pour avoir, entre autres, "apporté des témoignages sur le site internet de l'Europride" et obtenu "le parrainage de Laurent Kerusoré, acteur de Plus belle la vie", s'était expliqué Sébastien Chenu dans le Nouvel Observateur. "Le message (de la Ville, NDLR) était on ne peut plus clair. Si nous souhaitions une subvention, elle passait par un contrat avec le prestataire de leur choix, dans ce cas précis SC Conseils, la boîte de com' de Sébastien Chenu", avait confié en "off" un ancien responsable de la manifestation, alimentant des soupçons de favoritisme jamais étayés. "L'ensemble de cette opération a été réalisée dans un strict respect du cadre légal et réglementaire" a toujours martelé Sebastien Chenu. Il est aujourd'hui député du Nord sous les couleurs du Front national.
L'archipel des Bermudes est devenu le premier pays au monde à revenir sur sa législation sur le mariage pour tous. Officiellement un territoire d'outre-mer britannique, les Bermudes ont autorisé les couples de même sexe à se marier depuis mai 207. Mais à la suite d'un récent référendum, une loi annulant la mesure a été instaurée, rendant à nouveau illégale l'union maritale pour les couples homosexuels.
C'est un coup dur pour les défenseurs des droits LGBT aux Bermudes : alors qu'ils pensaient le mariage pour tous acquis, ce nouveau droit leur a été de nouveau enlevé, à peine 9 mois après sa mise en place. Les critiques parlent d'un« retour en arrière sans précédent en matière de droits humains ».
Pourtant, le Sénat des Bermudes a fait voter la nouvelle législation avec une confortable majorité, en décembre dernier. Et au sein du paradis fiscal, une majorité de la population a refusé le mariage homosexuel, au cours d'un référendum.
Il faut dire que dans le très conservateur archipel caribéen, qui appartient officiellement au Royaume-Uni mais qui est doté de son propre parlement bicaméral, il est parfois difficile de concilier les vues politiques d'une partie de la population, avec le respect des législations de la Cour Européenne, qui obligent les États à reconnaître l'union des couples de même sexe (les Bermudes constituent un PTOM, un pays et territoire d'outre-mer de l'Union Européenne)
Selon le Ministre des affaires domestiques Walton Brown, la nouvelle législation doit justement relever le défi de respecter la volonté de la population de ce petit ensemble d'îles, tout en assurant le respect et la protection des couples homosexuels :« Cette nouvelle loi a pour ambition de trouver le juste équilibre entre deux groupes actuellement irréconciliables aux Bermudes, en réaffirmant que le mariage doit impérativement être entre un homme et une femme, tout en reconnaissant et en protégeant dans le même temps les droits des couples de même sexe »,a-t-il indiqué.
Concrètement, cela signifie que les couples homosexuels devront se limiter aux « partenariats domestiques », l'équivalent du Pacs... ce qui, évidemment, n'est pas du tout du goût des groupes de défense des droits LGBT, qui dénoncent la mise en place d'une sorte de statut de seconde classe. Ils fustigent également le caractère sans précédent de cette juridiction, qui retire aux couples gays un droit important qui leur avait été accordé.
En guise de compensation, les droits des couples unis par des partenariats domestiques seront élargis : par exemple, un partenaire aura le droit de prendre une décision médicale pour son conjoint.
Au total, une demi-douzaine de mariages de couples de même sexe ont eu lieu aux Bermudes depuis la légalisation de ces unions, en mai 2017, jusqu'à l'interdiction. Les couples homosexuels s'étant mariés au cours de ce laps de temps verront leurs unions maintenues, et pourront exceptionnellement conserver leur statut marital.
JO 2018Le patineur ouvertement gay Adam Rippon reproche au vice-président Mike Pence son hostilité envers la communauté homosexuelle.
Le vice-président américain Mike Pence a affiché jeudi sur twitter son soutien à Adam Rippon, le patineur américain ouvertement gay présent à Pyeongchang pour les JO-2018, qui l'avait accusé d'avoir tenu par le passé des propos homophobes.
Le patineur, interrogé par le quotidienUSA Todayil y a un mois, avait critiqué le choix du vice-président comme chef de la délégation américaine pour les JO-2018 Pyeongchang, en raison de ses positions anti-gays.
Le sportif avait notamment soutenu que Mike Pence soutenait les méthodes thérapeutiques visant à soigner les gays de leur homosexualité, et laissé planer le doute sur sa présence au sein de la délégation américaine au moment de rencontrer le vice-président avant la cérémonie d'ouverture des JO prévue vendredi comme le veut la tradition.
«@Adaripp Je veux que vous sachiez que nous sommes AVEC VOUS», a twetté Mike Pence jeudi. «Ne laissez pas des fake news vous distraire. Je suis fier de vous et de TOUS LES GRANDS athlètes et mon seul souhait pour vous et de toute la #TeamUSA est de ramener l'or à la maison. Allez les chercher!»
@Adaripp I want you to know we are FOR YOU. Don't let fake news distract you. I am proud of you and ALL OF OUR GREAT athletes and my only hope for you and all of #TeamUSA is to bring home the gold ...
Le tweet du vice-président américain a été publié quelques heures après qu'USA Today ait assuré que le patineur avait refusé de rencontrer Mike Pence pour discuter des accusations lancées par le patineur.
Vice President Mike Pence called a USA TODAY Sports report alleging he was upset over criticism from openly gay Olympian Adam Rippon "fake news." https://t.co/TySgkttaXC
Avant de tweeter ce soutien, le vice-président, arrivé jeudi en Corée du Sud, a démenti que les propos incriminés tenus en 2000 lors de sa campagne pour le Congrès, soient un soutien à la conversion des homosexuels. «Les ressources devraient aller directement à ces institutions qui offrent de l'aide à ceux qui cherchent à changer leur comportement sexuel», avait-il expliqué dans un communiqué publié en 2000 sur son site officiel de campagne. «Un journaliste essaie de fausser une vieille non-histoire de 18 ans afin de semer les graines de la division. Nous ne laisserons pas faire cela!! #FAKENEWS», a-t-il également tweeté jeudi.
Headed to the Olympics to cheer on #TeamUSA. One reporter trying to distort 18 yr old nonstory to sow seeds of division. We won't let that happen! #FAKENEWS. Our athletes are the best in the world ...
Rippon qui fait partie des trois représentants américains pour l'épreuve masculine de patinage artistique, a déjà prévenu qu'il ne participera pas à la traditionnelle réception organisée à la Maison Blanche pour les sélectionnés olympiques à leur retour de Corée du Sud. «Je ne pense pas que l'administration actuelle représente les valeurs que l'on m'a enseignées quand j'ai grandi», avait-il dit il y a un mois.
Alors qu’un projet de loi visant à criminaliser le sexe homosexuel est introduit au parlement du pays, l’Indonésie a décidé de classer l’homosexualité au rang des « maladies mentales ».
Le ministère de la Santé du pays a annoncé vendredi qu’il était sur le point de publier un guide médical basé sur deux rapports réalisés ces deux dernières années, l’un par l’Association des psychiatres d’Indonésie et le second émanant du ministère lui-même.
«Les gays et les bisexuels sont exposés à des problèmes émotionnelstels que la dépression due à des crises d’identité alors que les transsexuels sont susceptibles de souffrir de maladies mentales », lit-on dans le premier tandis que le second affirme que « l’homosexualité est contraire à l’éthique du pays ».
Actuellement, l’homosexualité est légale en Indonésie, à l’exception de la province d’Aceh, où la charia est appliquée. Mais si le nouveau projet de loi est adopté au parlement du pays, les relations homosexuelles pourraient devenir illégales dans tout le pays.
La loi pourrait être votée dans les deux prochaines semaines.Le projet de loi, qui a le soutien des 10 principaux partis politiques du pays, rendrait les rapports homosexuels passibles de cinq ans de prison.
Un couple homosexuel sud-africain a été victime d'insultes et d'humiliation homophobes de la part de deux policiers. La scène a été filmée et diffusée sur internet dans une vidéo devenue virale, ruinant la vie des deux victimes
Deux agents de police ont intimidé, insulté et humilé deux hommes qu'ils ont surpris alors qu'ils avaient une relation sexuelle dans une voiture à Pietermaritzburg, en Afrique du Sud.
Une vidéo de la scène est apparue sur les réseaux sociaux dans laquelle on voit les deux hommes, affligés et effrayés, essayant de couvrir leurs parties génitales mais s'en voyant interdits par leurs agresseurs.
Assis dans leur véhicule, complètement exposés, ils sont l'objet des insultes et des injures des policiers.
Un des officiers demande même à son collègue de prendre des photos du couple, avant de leur crier dessus alors qu'ils tentent une fois de plus de se couvrir.
Le couple s'excuse désespérément, mais l'un des agresseurs leur dit: "C'est une honte de ce que vous faites. Les hommes ne sont pas censés faire cela".
L'un des policiers plaisante alors sur l'arrestation du couple, avant de leur dire finalement de s'habiller et de s'en aller.
Thabiso Mogapi, président d'Action for Social Justice International, a déclaré que son organisation avait identifié le couple et les soutenait avec une aide psychologique et juridique. "Ils ne s'en sortent pas du tout", a-t-il dit. L'un des deux hommes est un enseignant et il se fait maintenant moquer par ses propres élèves et ses collègues".
La famille de l'autre l'a renié. Ils ne savaient pas qu'il était gay. Il a déclaré que les hommes qui avaient filmé la vidéo et l'avaient mise en ligne sur les réseaux sociaux avaient "ruiné et détruit" la vie des deux victimes.
Le Réseau gay et lesbien de Pietermaritzburg a déclaré que la vidéo était "méprisable" et "bouleversante". "Nous voulons aller plus loin et nous essayons de mettre la main sur le couple afin que nous puissions les aider à faire des déclarations s'ils veulent faire ouvrir une enquête", a-t-il ajouté.
Le porte-parole de la police d'Alexandra a déclaré qu'elle essayait de déterminer qui étaient les officiers présumés responsable de la vidéo. Elle a précisé que si le couple ne se présentait pas et n'engageait pas de poursuites contre les hommes qui les ont maltraités, il serait difficile d'enquêter. "La police est formée pour ne pas discriminer. C'est contre la loi", a-t-elle a ajouté.
Il est cependant probable que le couple ne décidera pas d'engager des poursuites car la plupart du temps les victimes ont peur d'être identifiées et abusées à plus grande échelle encore.
Amnesty International dénonce la décision des autorités ghanéennes d'avoir fait passer des tests médicaux à deux étudiants accusés d'avoir eu des rapports sexuels entre eux.
Les tests se sont traduits par "la torture et la dégradation de leur dignité humaine", a protesté l'organisation de défense des droits de l'homme.
Le fait de soumettre les deux étudiants à ce genre de test est une violation de la constitution ghanéenne, a dit à la BBC le porte-parole d'Amnesty International au Ghana, Robert Amoafo.
Les deux étudiants âgés de 18 et 23 ans auraient été surpris en train d'avoir des rapports sexuels, dans une chambre d'étudiants d'une université de Takoradi, une ville située dans l'ouest du Ghana.
Une porte-parole de la police, Olivia Adiku, a confirmé à la BBC que des tests médicaux avaient été effectués sur les organes génitaux des deux étudiants, dans le cadre d'une enquête sur l'incident.
L'homosexualité est une pratique illégale au Ghana.
Des chefs religieux et des hommes politiques, dont l'actuel président du parlement, s'opposent à sa légalisation.
(Sous-titres via cc) - Témoignages au sujet de la discrimination et des violences subies par des personnes LGBT au Ghana, recueillies par HRW qui appelle dans un nouveau rapport au respect intégral
Mis en examen pour meurtre dans deux affaires, Nordahl Lelandais fait l’objet de vérifications dans quinze dossiers différents. L’homme de 34 ans fréquentait des sites de rencontres homosexuelles, ce qui intéresse la justice.
C’est sans doute la part la plus mystérieuse du profil de Nordahl Lelandais que les gendarmes sont en train d’examiner. Ils ont découvert, au fil de leurs investigations sur le meurtre etla disparition de la petite Maëlys, 9 ans, à Pont-de-Beauvoisin (Isère), et surl’assassinat du caporal Arthur Noyer, 23 ans, à Chambéry (Savoie) en avril 2017, qu’il avait une fréquentation très assidue de sites de rencontres homosexuelles.
Un travail de titan pour les enquêteurs car il faut retrouver des listes interminables de contacts et des échanges de messages sur des forums. Les gendarmes veulent savoir notamment si ces rencontres auraient pu déboucher sur des rendez-vous.
L’objectif est clair : il s’agit d’identifier des partenaires éventuels de l’ex-maître-chien pour mieux cerner son profil et son comportement avec ces hommes. L’enquête doit établir si, parmi ces contacts, il n’y a pas aussi des personnes portées disparues depuis. Un travail de longue haleine.
Car la bisexualité de Nordahl est un tabou cadenassé qu’il n’aurait jamais avoué à ses proches. S’il a bien eu des aventures féminines, et dès son plus jeune âge comme avec Delphine qui le décrit comme « un garçon doux » et « gentil », « incapable de faire du mal », il a aussi approché des hommes plus tardivement pour des relations souvent furtives. Toute l’enquête technique sur les supports informatiques doit retracer la vie intime de l’ex-maître-chien.
Un homme affirme avoir été abordé par lui en boîte de nuit
Un élément troublant est venu récemment alimenter cet axe d’enquête. Un homme s’est présenté dans une brigade de gendarmerie en région parisienne, assurant avoir reconnu Nordahl Lelandais comme étant l’inconnu qui l’avait abordé dans un établissement de nuit à Chambéry. Il a décliné ses avances à plusieurs reprises avant de partir. Mais le même homme a eu la surprise de découvrir que celui qu’il désigne bien comme Nordahl Lelandais l’avait suivi en voiture pour le relancer sur une aire d’autoroute de la région où il s’était arrêté. Une aire d’autoroute identifiée comme celle du Guiers sur l’A 43, connue pour être un lieu de rendez-vous sur des forums spécialisés. Elle se trouve aussi à proximité immédiate de la sortie de l’autoroute pour rejoindre Domessin, où vivait Nordahl Lelandais.
Ce scénario s’apparente au mode opératoire présumé de la disparition du caporal Noyer, sans doute pris en stop par son assassin à la sortie de la boîte de nuit en avril dernier.
Alors que nous consacrons notre une à la montée de l'homophobie dans le monde, nous avons interviewé le cinéaste malien Fasséry Kamissoko. Ce jeune homme de 19 ans a réalisé et interprété le rôle principal du court-métrage "Dix-Sept" qui raconte le destin tragique d'un lycéen moqué et lynché par ses camarades parce que jugé efféminé. Avec ce film il espère avoir "contribué à une prise de conscience collective des hommes et femmes témoins des discriminations envers les personnes LGBTQI au Mali", alors que 98% des habitants du pays jugent l'homosexualité comme "un mode de vie inacceptable".
Qu’est-ce qui a vous a décidé à tourner un court-métrage sur l’homophobie au Mali ?
Fasséry Kamissoko - L’idée de ce film part du triste constat des conditions de vie des personnes homosexuelles. Le sujet divise beaucoup, d'autant que ces dernières années l’homosexualité s'est retrouvée au centre des débats publics de certains pays africains, dont le Mali, à cause de faits divers largement relayés sur les réseaux sociaux qui impliquaient sans preuve une frange influente de l’élite politique, économique et culturelle du pays.
À côté de ça, une conscience reste encore à définir en Afrique, où, de peur d'être traités d'afro-pessimistes ou d’assimilés au service de l’Occident, les gens se complaisent dans l'enfer de l'homophobie quotidienne (insultes, blagues, et stéréotypes dévalorisants, parfois des violences plus graves et appels au meurtre…). Avec ce film, je me suis révolté à mon modeste niveau contre l'entreprise de destruction systématique du droit au respect de la vie privée, contre les modes de penser la sexualité qui ne produisent que des fanatiques, des frustrés, des sadiques et des homos refoulés. J'ai souhaité dénoncer le fléau de l'homophobie.
Pourquoi avoir choisi un cadre scolaire pour votre film ?
La plus grande tolérance actuelle de l’homosexualité ne change pas grand-chose à la situation des jeunes qui s’interrogent sur le fait d'assumer ou non leur orientation sexuelle. Or ils se retrouvent face à l’impossibilité d’en parler et d’exprimer ce qu’ils ressentent. C'est comme si on leur niait le droit de se construire. Ces jeunes sont alors obligés de se dissimuler vis-à-vis de leur entourage, leur famille comme leurs camarades de classe. A cause de ça, ces jeunes finissent par perdre leur estime d'eux, ce qui les mène parfois à la dépression voire au suicide.
Quelles sont les ressorts de l’homophobie au Mali ?
L’homosexualité au Mali n’est pas seulement illégale, elle est aussi considérée comme une pathologie. Au sens de la psychiatrie, bien sûr, mais d’abord au sens physique. La drogue, le sida, la prostitution et l'homosexualité sont généralement cités ensemble dans les discours officiels et semblent occuper la même place de dégénérescence.
Pour autant, si tous les homophobes maliens condamnent les pratiques homosexuelles, ils ne le font pas pour les mêmes raisons. Les arguments avancés sont de plusieurs ordres. Le premier serait d'ordre socio-économique, à cause de la pauvreté et de la misère. Il y a aussi l’argument démographique qui veut que l’homosexualité aille contre la pérennisation de l’espèce humaine. L’argument naturaliste, aussi, qui soutient que l’homosexualité est contre-nature étant donné la nature ne s’est pas trompée en dotant l’homme d’un pénis et la femme d’un vagin, ajoutant que le pénis serait fait pour le vagin et non pour l’anus. Enfin il y a l'argument religieux qui défend les valeurs du dogmatisme patriarcal hétéronormé à travers le Coran et la Bible.
De fait, les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes sont marginalisés et très souvent obligés de mener une double vie : celle de l’époux fidèle et attentionné le jour et celle du randonneur-amant d’un jeune éphèbe dans la soirée.
Sur les réseaux sociaux, des internautes diffusent les noms et photos de ceux qu’ils suspectent d’être homosexuel. C’est une pratique courante ?
C'est loin d’être nouveau mais ce phénomène est en augmentation, voire se banalise. Hormis ces dénonciations calomnieuses, on compte des lynchages des mises à nu publics, des insultes à travers des expressions comme pédé, salope, enculé, tante… Surtout, il devient impossible de mener une activité professionnelle ou de participer activement à la vie politique et publique une fois l'homosexualité révélée.
Comment vit-on lorsque l’on est homosexuel au Mali ? Doit-on forcément se cacher ?
Dans un pays où l’homosexualité est durement blâmée, les gays ne peuvent pas espérer vivre une sexualité découverte. D’ailleurs, les homosexuels ne sont pas les seules victimes de la violence homophobe. Celle-ci vise également tous ceux qui n’adhèrent pas à l’ordre classique des genres : travestis, transgenres, bisexuels, femmes hétérosexuelles avec une forte personnalité, hommes hétérosexuels délicats ou manifestant une grande sensibilité.
Comment votre film a-t-il été perçu au Mali ?
L’homosexualité africaine est très peu étudiée et documentée et l’homophobie africaine l’est encore moins. Ici le tabou culturel semble se doubler d’un tabou sociologique. Le film dénonce à travers l’histoire du jeune que j’interprète à l’écran, l’opinion populaire, en recyclant le thème connu de l’association de l’homosexualité et de non-conformité au modèle hétérosexuel. Après sa médiatisation internationale, Dix-septa été l’objet d’une vive controverse au Mali, notamment, lors de sa diffusion en salle. Un grand nombre de spectateurs satisfaits du sort réservé au jeune protagoniste ont expliqué que dans le Coran les relations entre hommes sont décrites comme“la pire des abominations”, un“crime ignoble et scandaleux pour laquelle la cité de Sodome aurait été détruite par Dieu”. L’homophobie a été instrumentalisée, non pas par les détenteurs du pouvoir à des fins politiques, comme c’est souvent le cas, mais bien par le peuple pour nommer la déchéance des élites, qualifiées d'occidentales et post-coloniales. En dépit de ces réactions, j'ose espérer avoir contribué à une prise de conscience collective des hommes et femmes témoins des discriminations envers les personnes LGBTQI dans le Mali actuel et en Afrique.
Est-ce que vous pensez que la société malienne va évoluer sur cette question ? Que préconisez-vous pour faire évoluer les mentalités ?
Je crois qu’au lieu de nous focaliser sur ce qui nous choque ou nous déplaît dans la vie sexuelle de l’autre sans que nous puissions le changer, nous devrions tenter d’appartenir au petit monde des gens qui osent vivre leur vie à leur guise, sans cracher sur celle des autres.
Steven Anderson, de la Faithful Word Baptist Church dans l’État américain d’Arizona, devait se rendre en Jamaïque pour un «voyage missionnaire» d’une semaine, le 28 janvier.
Cependant, cette semaine, le gouvernement jamaïcain a décidé d’interdire au prédicateurs de se rendre dans ce pays, sous la pression des activistes. Un porte-parole du ministère de la Sécurité nationale a déclaré au Guardian : « La décision a été prise par le chef de l’immigration parce que les déclarations du pasteur ne sont pas favorables au climat actuel. » L’activiste gay Jay John, qui avait appelé à l’interdiction du pasteur, a ajouté: « Je suis heureux que le leadership ait été démontré dans la protection des Jamaïcains LGBTQ, des femmes et d’autres groupes minoritaires que Steven Anderson a attaqués par le passé « C’est un résultat positif dont je suis très heureux. »
Steven Anderson avait été interdit d’entrer en Afrique du Sud, où il comptait « conquérir des âmes ». Sa visite avait suscité un tollé et une pétition en ligne contre sa venue avait recueilli plus de 60 000 signatures. « Steven Anderson et les membres ou proches de son Église sont interdits d’entrer en République d’Afrique du Sud, avait annoncé le ministre de l’intérieur Malusi Gigaba. Nous avons le devoir d’éviter tout préjudice et toute manifestation de haine, quelle que soit sa forme, contre les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transsexuels. » Le prédicateur, adepte d’une lecture littérale de la Bible, suscite régulièrement la controverse. Il a notamment qualifié les homosexuels de pédophiles. Il avait prié en 2009 pour la mort du président américain Barack Obama en raison de ses convictions pro-avortement et qualifié les victimes de l’attentat du Bataclan à Paris en novembre 2015 de « fidèles du diable ».
Ce prédicateur extrémiste avait demandé la lapidation pour les prêtres qui marient les couples homosexuels, avait demandé au gouvernement américain qu’il condamne et exécute les gays.
Il est connu pour ses campagnes de porte-à-porte afin de convertir des musulmans, ou, encore, pour ses prières pour la mort de Caitlin Jenner. Il est aussi négationniste et antisémite
Un bourreau homophobe attaque et fait chanter un responsable de l’organisation Health And Human Rights Cameroon. L’attaque l’expulse de son domicile et prive l’association de son siège.
Dans la nuit du 16 janvier, le directeur administratif et financier de l’organisation Health And Human Rights Cameroon, nommé sieur Krys (pseudonyme), est agressé dans son domicile par un repris de justice aux environs de 2 heures du matin.
D’une orientation sexuelle discrète, le défenseur des droits humains vit depuis plusieurs années déjà dans la ville de Bertoua. Leader communautaire et point de référence sanitaire des personnes LGBTI. D’une réputation grandissante, il fait aujourd’hui l’objet de plusieurs attentions dans la ville, d’où la naissance de plusieurs inimitiés.
Krys déclare :
« Comment peut-on s’en prendre aux personnes sans défense ? Tout le monde a droit à la vie »
C’est de ce fait que, dans la nuit du 16 janvier 2017 aux environs de 2 heures du matin, pendant que Krys est endormi. Meyo Bilounga Audrey, le repris de justice, s’avance vers son domicile.
Arrivé sur le lieu, armé d’un poignard, le bourreau qui s’est au préalable bien informé sur sa cible, commence à hurler son nom tout en défonçant sa porte : « Homo! Pedé! Ouvres ta porte! Je sais que tu es là! Association de diables! »
Il faut noter que, le lieu d’habitation de la victime sert également de lieu de rencontres des bénéficiaires LGBTI et de réunions pour l’association Health And Human Rights Cameroon (2HRC) car n’ayant pas encore de siège.
D’un réveil brutal, la victime pris de panique, se met à négocier avec le bourreau après avoir ouvert la porte. Ne voulant pas céder à la requête d’une somme émise par le bourreau d’un montant de 250.000 francs CFA (380 euros), il subit une sévère bastonnade. Par la suite, le bourreau le rassure qu’il prendra la peine d’informer toute sa famille et ses collègues de son orientation sexuelle après l’avoir poignardé (ce qui n’était qu’une menace).
À ce moment, la victime qui possède une somme de 83 000 francs CFA (126 euros) dans son compte Orange Money, passe son téléphone et son mot de passe au bourreau qui effectue un transfert vers son compte. Insatisfait du montant, Meyo replonge Krys dans la bastonnade. À bout de souffle, la victime lui apprend qu’il détient une bonne somme d’argent chez un ami et qu’ils doivent s’y rendre pour la récupérer.
S’étant mis en route, à la vue d’une patrouille de gendarmes la victime commence à crier à l’aide. Meyo prend fuite en amenant avec lui son téléphone, son ordinateur et ses clés en faisant la promesse de revenir lui régler son compte.
Les gendarmes tenus aux faits, une plainte a été déposée contre la personne inconnue. Mais plus tard sa véritable identité sera connue. Les enquêtes continuent en cours jusqu’à ce jour.
Cependant, la victime est dorénavant déclarée persona non grata dans le quartier suite aux informations relatives à son orientation sexuelle. Pour le moment, il se fait héberger par un ami, n’ayant pas de revenu pour prendre un cadre dans une cité sécurisée.
Tout terrifié, la victime et tous les autres défenseurs de l’organisation 2HRC vivent désormais dans la peur et un traumatisme avancé. Par ricochet, l’association n’a plus de lieu de rencontre pour leurs bénéficiaires.
À cet effet, Krys déclare :
« Comment protéger les personnes vulnérables si notre propre sécurité n’est pas assurée ? »
Les forces de sécurité turques ont arrêté Ali Erol, co-fondateur de Kaos GL, la plus grande organisation LGBT turque, vendredi matin lors d'une descente chez lui. L'association a annoncé la nouvelle sur sa page Facebook
Ali Erol(photo)vit à Ankara avec son partenaire. Selon l'organisation, il n'y a aucune justification à l'arrestation.
"L'arrestation d'Erol, un activiste de premier plan du mouvement LGBTI, montre une fois de plus comment est respectée la liberté d'expression est en Turquie", a déclaré Kaos GL dans un bref communiqué. "La liberté d'expression est un droit fondamental Les droits des LGBTI sont des droits de l'homme Nous exigeons que notre cofondateur Ali Erol soit libéré immédiatement", a poursuivi l'association.
Ali Erol a fondé Kaos GL en 1994 avec d'autres activistes. Depuis lors, l'organisation a dû lutter contre la répression étatique.
Ali Erol est un activiste respecté internationalement. Il a déjà été arrêté en 2016, accusé de "propagande" contre le pays.
D'autres activistes LGBT ont également recontrés des ennuis avec l'État, en grande partie en rasion de leur le soutien à des partis d'opposition.
Ces derniers mois, les autorités turques limitent de plus en plus la liberté de personnes LGBT.
Dans la capitale Ankara, tous les événements LGBT ont été interdits depuis novembre 2017. Peu de temps après, Istanbul a également interdit un festival LGBTI.
Ces dernières années, des manifestations LGBT ont été violemment réprimées à Istanbul et ont donné lieu à des arrestations.
C’est une affaire qui a fait scandale dans la province de Chichaoua. Un conseiller (PAM) de la commune de Mejjat, son complice et un vice-président (PPS) de la même commune ont été inculpés lundi pour homosexualité et coup et blessure et état d'ivresse manifeste dans la voie publique, rapporte Al Akhbar dans son édition du mercredi 31 janvier.
Selon le quotidien, le tribunal de première instance de la ville de Imintanout, province de Chichaoua, a condamné lundi un conseiller communal du PAM ainsi qu’une autre personne à un mois de prison chacun et respectivement à des amendes de 3000 et 1000 dirhams, alors qu’un vice-président de la commune de Mejjat du PPS a écopé d’une amende de 500 DH.
Les faits remontent à la matinée du dimanche 29 janvier lorsque le conseiller PAM s’est rendu ivre et couvert de sang au centre de la gendarmerie de la commune. Il a alors déclaré à un gendarme qu’il a été agressé par un membre PPS de la commune aidé par un trentenaire avant d’être violé à tour de rôle par les deux personnes, relate Al Akhbar.
Les éléments de la gendarmerie se sont par la suite dirigés vers le domicile où ont eu lieu les faits afin interpeller l'élu PPS et son complice. Après interrogatoire des trois personnes, le procureur du roi du tribunal de première instance de Imintanout a décidé de poursuivre le vice-président de la commune en état de liberté pour ivresse manifeste dans les lieux publics, et de poursuivre en état d’arrestation provisoire le conseiller PAM et l’autre personne pour homosexualité, coup et blessure et ivresse manifeste dans un lieu public, précise le quotidien
Canada Le jardinier-paysagiste de Toronto pourrait avoir fait plus de victimes que les cinq hommes identifiés jusqu'ici.
La police, assistée de chiens renifleurs de cadavres, fouillait toujours mercredi des propriétés de Toronto à la recherche d'autres victimes d'un jardinier-paysagiste inculpé de meurtres en série, selon le responsable de l'enquête.
La police canadienne a extrait des restes humains d'une propriété mais des analyses ADN seront nécessaires pour établir s'ils correspondent aux cinq victimes identifiées jusqu'ici. «Cela va prendre du temps, mais nous sommes bien équipés», a indiqué le responsable de l'enquête, Hank Idsinga.
Bruce McArthur, 66 ans, avait été arrêté mi-janvier et inculpé de la disparition et du meurtre, au printemps dernier, de deux hommes qui fréquentaient le quartier homosexuel de Toronto. Il a été inculpé de trois autres homicides lundi après la découverte de restes de squelettes démembrés dans le jardin d'une propriété, mise à disposition par un de ses clients, et dont il se servait pour entreposer du matériel de jardinage.
La police, agissant sur la foi de «dizaines d'informations» reçues depuis lundi, a élargi ses recherches à une trentaine de propriétés aux quatre coins de Toronto où le jardinier-paysagiste a travaillé et «où des gens pourraient avoir été enterrés». Il y a un peu plus de six mois, la police de Toronto a identifié Bruce McArthur comme un des suspects dans la disparition en avril dernier de Selim Esen, 44 ans, et celle en juin d'Andrew Kinsman, 49 ans, avec qui il avait eu une longue relation.
Interdit de quartier gay
Selon des médias locaux, c'est en voyant un jeune homme pénétrer dans l'appartement du suspect que la police a décidé le 18 janvier de procéder immédiatement à l'arrestation de ce dernier. Le jeune homme, dont l'identité n'a pas été révélée, était ligoté au lit dans la chambre du suspect mais n'a pas été blessé. A ce stade, la police n'a pas inculpé McArthur pour séquestration.
Ce dernier avait déjà été reconnu coupable d'agression en 2001 sur des homosexuels et avait depuis une interdiction de fréquenter le quartier gay de Toronto ou des prostitués. L'une de ses dernières victimes présumées, Dean Lisowick, était un sans-abri et prostitué, selon la police. Les enquêteurs ont établi un lien entre l'une des victimes présumées de McArthur et deux autres personnes portées disparues depuis plusieurs années.
La police a récupéré sur l'ordinateur de l'accusé des photos dont celles de certaines des victimes. Les autorités ont rouvert depuis des enquêtes sur des personnes portées disparues depuis au moins 2010 et demandent l'aide de quiconque a pu faire appel aux services du jardinier dans le passé.
La police avait prélevé un échantillon d'ADN sur Bruce McArthur lors de sa condamnation en 2001 et porté son nom à une banque de données, sans que l'on sache si ces éléments ont joué un rôle dans son arrestation pour meurtres. (afp/nxp)
Alors que les opposants à l'extension de la PMA sont souvent accusés d'homophobie, plusieurs homosexuels refusent de «servir de caution morale» pour justifier la «réification de la femme et de l'enfant». Pour eux, la question n'est pas celle de l'égalité, mais du risque d'aliénation de l'humain par la technique.
Jean-Mathias Sargologos est diplômé en science politique et de HEC-Montréal, étudiant aux cycles supérieurs en histoire de l'art, et journaliste.
Sébastien de Crèvecoeur est normalien (Ulm), ancien professeur de philosophie, chercheur en management, et consultant en art.
Jacques Duffourg-Müller est critique musical
Le jeudi 18 janvier se sont ouvert les États généraux sur la bioéthique où il sera officiellement discuté de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, c'est-à-dire une PMA sans père, et officieusement de la question de la légalisation de la GPA (qui, bien que concernant tous les couples, devrait aussi permettre aux couples homosexuels hommes de «concevoir» un enfant). C'est en tant qu'homosexuels que nous souhaitons aujourd'hui prendre position contre ce que nous estimons être de graves dérives, réalisées au nom d'un individualisme exacerbé et contre ce qui n'est rien d'autre qu'une tentative de briser l'interdit entourant la réification du corps humain. Notre démarche s'inscrit par ailleurs dans une volonté de briser le monopole des associations dites LGBT, représentantes autoproclamées des personnes homosexuelles, dans leur prétention à incarner l'ensemble des voix de celles-ci. Face à la gravité de la situation et des enjeux éthiques soulevés, nous estimons qu'il est de notre devoir de citoyens et de notre responsabilité morale de prendre publiquement position afin de faire entendre une voix alternative et raisonnable.
Homosexualité et procréation
Le désir d'enfant chez les personnes homosexuelles est éminemment légitime, mais ne peut cependant se réduire à une question d'accès à l'égalité, à des droits, et à la lutte contre les discriminations. Une telle vision simpliste implique en effet qu'il existerait une inégalité dans l'accès à la procréation pour les homosexuels, que cette inégalité serait le fruit d'une discrimination, et qu'il appartiendrait donc à l'État de corriger cette situation en ouvrant la PMA aux couples de femmes et en légalisant la GPA. Or, cet argument est fallacieux. En effet, deux hommes ou deux femmes ensemble ne peuvent intrinsèquement concevoir un enfant et cette impossibilité de procréer est une donnée objective qui n'est pas le fruit d'une quelconque action discriminante de la société ou de l'État ; elle est de nature, et propre à la condition homosexuelle. En ce sens, les personnes homosexuelles ne peuvent prétendre à une réparation de l'État afin de pallier une discrimination puisque cette dernière n'existe pas. Dire cela n'est pas de l'homophobie, mais simplement un rappel objectif des faits. Ce constat est peut-être difficile à entendre pour certains, mais nous pensons pour notre part qu'assumer pleinement son homosexualité revient aussi à accepter les limites qui en découlent.
Dans ce débat, nous remarquons que la plupart des arguments avancés par les défenseurs de ces pratiques sont du registre du subjectif et de l'émotion (désir d'enfant, souffrance de ne pas pouvoir en avoir, sentiment de discrimination, etc.). Or, nous pensons que face à l'ampleur des enjeux, l'État ne devrait pas fonder son action sur les émotions et les inclinaisons subjectives de chacun, mais devrait au contraire la fonder en raison. Or, celle-ci appelle clairement au maintien de l'interdiction de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA, que cette dernière s'adresse aux couples hétérosexuels ou homosexuels.
Assumer pleinement son homosexualité revient aussi à accepter les limites qui en découlent.
PMA pour couples de femmes et GPA pour tous
Certains avancent comme argument qu'il est discriminatoire d'autoriser la PMA aux couples hétérosexuels et de la refuser aux couples de femmes. Nous réfutons cet argument. En effet, la PMA pour les couples hétérosexuels entre dans le cadre de l'Assistance médicale à la procréation (AMP). Elle est donc un traitement médical qui permet de pallier une condition médicale d'infertilité d'un couple hétérosexuel. Effectivement, l'ordre naturel des choses implique qu'un couple hétérosexuel soit normalement fertile. L'infertilité peut donc s'assimiler dans ce cas-ci à une maladie, il est alors normal qu'un traitement médical soit offert. Or, un couple de femmes est objectivement et par définition infertile. Celles-ci ne souffrent donc d'aucune condition médicale ou maladie qui justifierait qu'elles aient accès à la PMA. Nous irons même plus loin en affirmant que, la PMA étant un traitement médical, permettre son accès aux couples de femmes reviendrait à sous-entendre que les femmes homosexuelles seraient malades, ce qui constituerait bien entendu un retour en arrière considérable.
Nous nous opposons aussi à la légalisation de la PMA pour les couples de femmes, car elle ouvre une boîte de Pandore qui mènera tout naturellement à la légalisation à terme de la GPA (bien que la GPA concerne tous les couples, homosexuels comme hétérosexuels, elle est notamment promue par des associations dites LGBT comme un moyen de permettre aux couples d'hommes de «concevoir» un enfant). En effet, bien que de natures différentes, la PMA pour les couples de femmes et la GPA sont revendiquées au nom d'un prétendu nouveau droit pour les couples homosexuels, le droit à l'enfant. Or, au nom du principe d'égalité, il sera impossible d'interdire la GPA une fois la PMA pour les couples de femmes légalisée. En effet, au nom de quoi les homosexuels hommes n'auraient-ils pas, eux aussi, le droit d'avoir accès à une nouvelle technique leur permettant de «concevoir» un enfant?
L'enjeu principal ici est la réification de la femme vue comme «moyen» au service d'un couple qui louerait son utérus pour porter son enfant. Or, après des décennies de féminisme, il est difficilement concevable qu'aujourd'hui la réification du corps de la femme apparaisse par le biais du discours libéral. En ce sens, l'argument selon lequel la mise à disponibilité par certaines femmes de leur utérus serait éthique parce qu'elles le feraient de manière libre et consentie nous semble irrecevable. Ce serait en effet nier toute la dimension d'un principe moral fondamental et caractéristique de notre civilisation occidentale, résumé notamment par l'impératif pratique kantien: «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.»
Cet impératif est au cœur du principe de dignité humaine que l'on est en droit d'exiger de l'autre, mais aussi de tout être humain envers lui-même. En ce sens, il existe une multitude d'exemples où la loi interdit certains comportements et pratiques, quand bien même cela ne concernerait personne d'autre que soi: ne pas porter sa ceinture de sécurité en voiture est dangereux seulement pour soi et pourtant illégal (on ne peut invoquer sa liberté individuelle pour ne pas la porter), le lancer de nains est interdit (indépendamment du consentement des intéressés), je n'ai pas le droit de consommer de la drogue (même si en le faisant je ne porterais atteinte qu'à moi-même), et si je porte atteinte à mon intégrité physique en m'automutilant, il est possible que je sois interné de force en hôpital psychiatrique. Ainsi, pourquoi la société devrait-elle accepter que certaines femmes réifient leur propre corps en louant leur utérus au prétexte qu'elles seraient consentantes?
Ensuite, le caractère éthique de la GPA serait supposément garanti par l'interdiction de rémunérer la gestatrice et par le caractère altruiste qui motiverait sa décision de louer son utérus. Argument irrecevable, encore une fois, puisque l'absence de rémunération ou l'altruisme de la démarche n'enlèvent rien au fait que le corps serait tout de même réifié, la grossesse n'étant pas une activité, mais un état.
Enfin, à la réification de la femme s'ajoute celle de l'enfant: objet d'une transaction contractuelle, ce dernier devient donc lui aussi un objet, et non plus une personne. Nous estimons, en outre, inadmissible que des individus contournent l'interdiction de la GPA en France en faisant appel à des gestatrices à l'étranger et demandent, une fois de retour en France, la reconnaissance par l'état civil de leurs droits parentaux sur l'enfant qu'ils ont obtenu. Nous voyons là une façon malhonnête et mesquine de mettre l'État français au pied du mur. Ces personnes se sont volontairement mises hors la loi, elles ne peuvent donc pas ensuite demander un accommodement à l'État français puisque la pratique de la GPA est illégale en France. En ce sens, l'existence en France d'enfants nés par GPA à l'étranger ne peut en aucun cas motiver une adaptation ou une modification de la législation française puisqu'on ne fonde pas la règle sur l'exception ni sur la légalité de tel ou tel acte à l'étranger. Nous reconnaissons cependant ici la précarité de la situation de ces enfants qui subissent les conséquences de l'irresponsabilité de leurs «parents» d'intention. Nous reconnaissons aussi l'importance de trouver des solutions dans l'intérêt supérieur de ces enfants. Nous refusons cependant que l'unique réponse à apporter soit celle d'une trahison par l'État français de l'esprit de ses propres lois en reconnaissant les droits parentaux d'individus ayant eu recours à une GPA à l'étranger.
Ainsi, le maintien de l'interdiction de la GPA en France (à l'instar de l'Allemagne, de l'Italie, de la Suisse, de l'Espagne, du Danemark, de la Suède, de la Finlande, des Pays baltes, du Québec, etc.) va dans l'intérêt de la protection d'une conception humaniste de la procréation, soucieuse de la défense des plus vulnérables, et qui respecte l'interdit de toute exploitation et réification de l'être humain. Dans cette perspective, le rôle de l'État n'est pas d'assurer l'accès à toujours plus de droits individuels, mais bien de protéger les plus faibles contre les excès de l'individualisme et de préserver une certaine conception de l'Homme.
Progrès technique et usage moral
La PMA pour les couples de femmes et la GPA, présentées faussement comme des avancées permettant aux femmes et aux hommes homosexuels de «concevoir» un enfant, ne sont que des avancées techniques. Or, des avancées techniques ne sont pas nécessairement des progrès sur le plan moral. En ce sens, elles sont axiologiquement neutres et ne nous disent rien de l'usage moral qui en sera fait. Les partisans de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA se parent de la vertu de la lutte contre l'homophobie pour les faire accepter. Nous refusons de servir de caution morale à une vision archaïque et régressive de l'humain, fût-ce au nom de la liberté.
Pour finir, face à ceux qui affirmeraient que nos positions empêchent toute possibilité pour les homosexuels de devenir parents, là encore nous répondons que cela est faux. En effet, il n'existe, aujourd'hui en France, aucune loi qui interdise aux personnes homosexuelles de devenir parents (ce ne sont que les moyens par lesquels elles souhaitent le devenir, c'est-à-dire la PMA pour les couples de femmes et la GPA, qui sont interdits). En ce sens, le maintien de l'interdiction de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA n'épuise pas, par ailleurs, la possibilité d'une réflexion de fond sur les alternatives éthiques dont disposent les homosexuels pour avoir des enfants.
Jean-Mathias Sargologos, Sébastien de Crèvecoeur et Jacques Duffourg-Müller.