Des agressions homophobes en centre-ville de Dieppe
Nicolas Bellenchombre, bien connu à Dieppe pour être le président de l’association Ciné Deep et le directeur artistique du festival du film canadien, rentrait du casino, avec son compagnon Alexis. « On chantait. Rue du 19-Août-1942, on a dépassé deux hommes qui fumaient. Une fois passés, ils nous ont interpellés et envoyé des projectiles, des briquets ». Nicolas et Alexis continuent à avancer sans se retourner ni répondre aux provocations. Mais les deux hommes les rattrapent et les prennent à parti : « Pourquoi vous nous regardez ? C’est quoi ce parapluie de pédé ? » Avant que Nicolas et Alexis se rendent compte de quoi que ce soit, les coups pleuvent : « Alexis a pris un coup de poing et a réussi à se sauver en courant, reprend Nicolas Bellenchombre. Et ils ont dit : On se met sur la grosse tarlouze. Alors, je leur ai proposé de prendre mon argent, mon téléphone, mon sac. Ils ont répondu : C’est pas ça qu’on veut, c’est ta gueule. Ils m’ont frappé au visage, je suis tombé, ils ont continué à me frapper aux jambes et à la tête. Mes oreilles bourdonnaient et un voile blanc est passé devant mes yeux, mais j’ai réussi à me relever. Quand ils ont vu qu’Alexis, un peu plus loin, appelait à l’aide et téléphonait aux secours, ils sont partis en courant. Juste après avoir écrasé mon téléphone, par terre, d’un coup de talon. »
À l’arrivée de la police, les pompiers sont alertés : ils emmènent Nicolas, en sang et très choqué, aux urgences. Souffrant de multiples traumatismes crâniens et d’un épanchement de liquide céphalorachidien, il y restera jusqu’au lendemain soir. Alexis, lui, embarque à bord de la voiture de police, qui va tourner en ville à la recherche des agresseurs. En vain.
« Ils auraient pu me tuer »
Si Alexis a pu porter plainte dès le lendemain au commissariat, Nicolas, lui, doit rester immobile, chez lui, pendant six semaines : « Des policiers viendront chez moi prendre ma plainte. » Et il redoute déjà de ressortir, surtout le soir : « Alexis est angoissé, il regarde derrière lui sans cesse quand il est dans la rue. On est hypertraumatisés : ce qui nous est arrivé est inattendu, totalement gratuit et extrêmement violent. Ils auraient pu me tuer. »
Pourtant, quelques jours à peine après l’agression, le visage et le corps encore tuméfiés et endoloris, en proie à de sérieuses céphalées, Nicolas veut passer un message. Un message important qui justifie en grande partie son envie de parler : « Je ne veux pas en rester là car ça doit servir d’exemple pour l’avenir : je veux que ces deux hommes soient retrouvés et jugés. Dieppe n’a jamais été et n’est pas une ville homophobe. Il s’agit, surtout, de ne pas faire d’amalgame : ça peut arriver n’importe où, Dieppe n’est pas une ville où ça craint. Mais de la misère humaine et de la connerie, on en trouve partout. » Autre précision qui peut avoir son importance : « Mes agresseurs étaient Français et bien blancs, ce n’étaient pas des migrants ! »
Le caractère homophobe ne fait aucun doute, puisqu’un autre Dieppois, qui lui souhaite garder l’anonymat, témoigne à son tour : « C’était vers minuit, le même soir. Je rentrais chez moi, accompagné. Quatre hommes se sont mis à nous insulter de « pédé » et « fils de pute », en nous suivant vers l’église Saint-Rémy. Mon ami est rentré dans un bar mais je n’ai pas entendu qu’il m’appelait et j’ai continué à marcher. Alors l’un des hommes m’a roué de coups, y compris quand j’étais à terre, pendant qu’un autre regardait et que les deux derniers se tenaient plus loin. Ça s’est arrêté quand des clients du bar sont ressortis. Je suis allé direct à l’hôpital. » Il assure ne jamais avoir subi de près ou de loin de telles agressions auparavant à Dieppe « où je suis né et où j’ai toujours vécu. Et je ne changerai pas ma façon de vivre et de sortir ».
Nicolas Bellenchombre va lui aussi se soigner et reprendre une vie aussi normale que possible. À Dieppe, cette ville qu’il aime, où il s’est installé et où une foule innombrable lui a témoigné, par mille biais, son soutien. Parmi ces attentions, celle du maire Nicolas Langlois : « J’ai eu Nicolas au téléphone. Ce qui s’est passé est intolérable et ne doit pas se reproduire. J’ai ensuite échangé avec le commissaire pour faire le point, lui faire part de mon opinion et lui demander de me tenir informé des suites. »
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avec Dieppe »
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