LE CHEF-ADJOINT DU MOUVEMENT ISLAMIQUE ISRAÉLIEN DÉNONCE L’HOMOSEXUALITÉ APRÈS LE MARIAGE DU PREMIER MINISTRE GAY DU LUXEMBOURG
Un article homophobe écrit par le leader islamiste israélien a suscité une vague de condamnations de la société civile arabe, mettant en lumière le débat général sur les droits des homosexuels opprimés.
Commentant le mariage, le 15 mai dernier, du Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, le cheikh Kamal Khatib, chef-adjoint du Mouvement islamique en Israël, a lancé une attaque cinglante contre l’homosexualité dans un article intitulé « Vous me rendez malade », publié sur un site associé au groupe, Yaffa48.com.
« Les sociétés occidentales sont tombées au plus bas du bas », a écrit Khatib. « Elles peuvent tenter autant qu’elles peuvent d’appeler ça un mariage ou un phénomène naturel, ou [appeler au] respect des choix personnels, ces sociétés ne succombent pas aux armées ennemies, mais à la dégradation morale et au renoncement à la nature humaine. »
« Il est à noter, a-t-il poursuivi, que les organisations locales suspectes, les tabloïds et les écrivains tordus préconisent cette perversion. A eux tous, je ne dis pas : ‘Que vous soyez en bonne santé et ayez des garçons’, mais ‘que vous soyez malheureux et que vous souffriez de la peste et du sida, vous les pervers !’. »
Les commentaires de Khatib se sont rapidement attirés les foudres des Arabes israéliens sur les réseaux sociaux, qui ont attaqué à la fois le style et le contenu de son article.
« Cher Kamal Khatib, comment une personne qui se respecte peut-elle écrire un article intitulé ‘Vous me rendez malade ?’ », a écrit, mardi, l’activiste social et professeur d’arabe Hanin Majadli à ses 4 000followers sur Facebook.
« La peste, c’est de maudire et de dégrader tous ceux qui ne sont pas d’accord avec vous et Kamal Khatib, en utilisant les pires phrases. Cela a prouvé beaucoup de choses, dont la [prise de conscience] que ma société regorge d’intellectuels de l’Etat islamique », a écrit Majadli.
Raja Zaatry, un membre du parti communiste Hadash, le partenaire principal de la Liste arabe unie (qui a 13 sièges à la Knesset), a décidé de répondre à Khatib en utilisant sa rhétorique.
« Cher M. Khatib, ce qui est maladif est de considérer les femmes comme rien d’autre qu’un tas de chair … ce qui est maladif, c’est d’appeler la participation des hommes et des femmes dans la même manifestation ‘un terrible mélange’… ce qui est maladif, c’est d’appeler à la chute de la Syrie (sic) non pas parce que son régime est antidémocratique, mais parce que son président est alaouite. Ce qui est maladif, et rien d’autre que maladif, c’est que vous ne respectiez pas les gens et que vous leur imposiez vos opinions. »
C’est Hadash – qui était partenaire du Mouvement islamique et du parti nationaliste arabe Balad dans la Liste commune aux élections du 17 mars – qui a rédigé la législation récente qui interdit la discrimination dans l’emploi et dans le système d’éducation fondée sur l’orientation sexuelle.
L’homosexualité est considéré comme un péché dans l’islam et l’acte homosexuel est illégal dans la plupart du monde arabe et reste un sujet tabou dans la plupart des communautés arabes et musulmanes, où ce sujet est rarement abordé.
Dans certains pays musulmans, y compris l’Iran et l’Arabie saoudite, les relations homosexuelles sont passibles de mort.
Dans un communiqué publié mardi, le parti nationaliste arabe Balad a comparé son opposition à l’homophobie à son opposition au régime israélien « colonialiste ».
« A son coeur, se trouve notre désir de liberté. Nous libérer de l’oppression du colonialisme fait partie de notre aspiration à la libération de l’homme, comme notre défense des droits des individus dans leur vie personnelle », indique le communiqué, mettant en garde Israël contre la tentation d’utiliser les commentaires de Khatib pour se dépeindre lui-même comme un Etat tolérant envers les minorités.
Al-Qaws, une ONG palestinienne qui soutient la diversité sexuelle et de genre dans la société palestinienne, a fait valoir dans un communiqué publié lundi que la préoccupation de Khatib sur l’homosexualité peut indiquer un changement de paradigme dans le traitement arabe du sujet.
« Nous nous demandons : est-il vraiment troublé par le mariage des homosexuels en Europe, ou a-t-il un besoin émotionnel qui s’étend dans le domaine politique ? Est-ce une misérable tentative d’exploiter la question des homosexuels à des fins politiques, ou est-ce que le Cheikh voit le changement qui se déroule devant ses yeux et devient nerveux ? », s’interroge l’ONG.
timesofisrael.com