Le nouveau patron des évêques en mission d'apaisement
Georges Pontier, nouveau président de la Conférence des évêques de France, va tenter de calmer les tensions liées au débat sur le mariage pour tous.
Le trac sans doute. Georges Pontier, le nouveau patron des évêques catholiques français, triture sa montre. Vendredi matin, la première conférence de presse est une sorte de baptême du feu pour l’archevêque de Marseille, qui a pris officiellement ses fonctions, le 1er juillet, de président de la Conférence des évêques de France (CEF). Elu par ses pairs en avril, peu porté à s’exprimer dans les médias, il succède à l’archevêque de Paris, André Vingt-Trois dans un contexte politique et religieux compliqué.
«Plusieurs membres du gouvernement m’ont écrit pour me féliciter après mon élection», confie le nouveau patron des évêques, manière de signifier que les choses pourraient repartir du bon pied avec le pouvoir de gauche. De fait, Georges Pontier devra apaiser les relations avec le gouvernement après le virulent combat qu’a mené l’Eglise catholique contre le mariage gay. Par discrétion, le patron des évêques a soigneusement tu le nom des ministres en question, insistant cependant sur le pluriel. Mais il a ajouté qu’il avait déjà à son agenda des rendez-vous avec quelques ministres. Du côté du gouvernement, il y a eu, de fait, un certain soulagement après l’élection de Georges Pontier.
Pédagogie et réflexion
«Nous devons maintenir approfondir la signification spécifique du mariage chrétien», a-t-il également souligné, prenant acte de cette manière du vote de la loi Taubira. «Un écart s’est creusé désormais entre le mariage civil et le mariage religieux», a-t-il poursuivi. Prudent, Pontier prône la pédagogie et la réflexion pour apaiser les tensions qui sont nées au sein même du catholicisme français sur la question du mariage pour tous. Même si la mobilisation a été massive, les débats ont été vifs dans les paroisses, les positions n’étant pas unamines à la fois sur l’opposition au mariage pour tous et les formes de la mobilisation. Soucieux d’unité, le nouveau patron des évêques français a soigneusement botté en touche lorsqu’il a été interpellé, vendredi, sur les condamnations frappant quelques militants anti-mariage gay. A Marseille, Georges Pontier avait certes marqué son opposition au projet de loi Taubira, mais en se contentant juste d’un communiqué sans lui-même appeler à manifester.
Bête noire de l’extrême droite à Marseille, pour sa défense des roms et son approche ouverte de l’islam, George Pontier, interpellé sur les récentes déclarations de Jean-Marie Le Pen, entend s’exprimer prochainement sur la question du racisme. «Que ce soit Jean-Marie Le Pen ou un Français lambda qui les prononcent, il y a des paroles de haines qui sont inacceptables», a-t-il déclaré, laissant de côté quelques instants, une prudente réserve. Evêque à la fibre sociale marquée, George Pontier se retrouve en résonance avec le nouveau pape. Evoquant la visite que François fera lundi à l’île de Lampedusa, au large de la Sicile pour attirer l’attention sur la question de l’immigration, il parle d'un «geste symbolique fort». «C’est plus qu’un discours, c’est un acte concret», a poursuivi Georges Pontier, confiant qu’il aurait volontiers accompagné le pape dans ce périple.
source:liberation.fr