Témoignage, Maxime. 32 ans
« Le Sida a tué l’amour de ma vie »
Bonjour, je m’appelle Maxime, j’ai 32 ans. Je souhaite vous raconter mon histoire. Il y’a 10 ans, j’ai rencontré mon copain, Fabrice. Nous nous sommes rencontrés lors d’une soirée en boîte. Ce fût le coup de foudre entre nous. Je me souviens de notre tout premier rendez-vous. Nous étions allés dîner au restaurant. Nous avons longuement discuté puis c’est là qu’il m’a dit qu’il était séropositif. Je me souviens encore de ce qu’il a dit après me l’avoir dit : «J’imagine que tu vas te sauver en courant ou encore ne plus vouloir de moi ? » Je n’ai pas répondu. Je me suis avancé et je l’ai embrassé. L’important, c’est qu’il ne m’a pas caché sa maladie au risque de le transmettre. Je lui ai posé beaucoup de questions à propos de sa maladie. Il m’a répondu à toutes mes questions. Je voyais qu’il avait du mal à en parler. Je lui ai donc dis qu’il n’avait pas à avoir peur ou honte, que je l’aimais quoi qu’il arrive.
Au bout d’un an, nous nous sommes installés ensemble. Lorsque je l’ai présenté à mes parents et que mon copain leur a dit qu’il était séropositif. Mes parents sont restés sans voix. Ils avaient tout de suite peur pour moi que je sois séropositif moi aussi. Puis ma mère se mettait à nettoyer tout ce que touchais Fabrice de peur d’avoir le sida. Je lui ai donc dis : Maman, le sida ne se transmet pas comme ça, par le toucher ou la salive, alors arrête stp ! » Mon père n’osait plus serrer la main à mon copain de peur d’avoir lui aussi le Sida. Beaucoup de personnes mal informées croient que le sida ne se donne rien que par le toucher ou par la salive ! Absolument pas ! Les seuls moyens de transmission du virus du sida ce sont lors de rapports sexuels non protégés avec pénétration vaginale, anale ou buccale, échanges sanguins ou encore Transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse ou l’allaitement. Donc arrêtons de croire que cela se donne en faisant la bise, en buvant derrière l’autre ou en serrant une poignée de main. NON !
Mes parents ont donc arrêté en s’excusant auprès de mon copain qui les a de suite acceptées. La mère et la sœur de mon copain étaient contentes que je passe au-delà de la maladie et que je vois Fabrice, un bel homme tellement gentil et non Fabrice le malade ! Cela s’est fait naturellement. Tout n’a pas toujours été facile je vous l’accorde. Il avait énormément de médicaments différents à prendre par jour ! Cela me faisait mal au cœur pour lui au début et puis avec le temps, c’est devenu une habitude de le voir prendre tous ces médicaments. Fabrice avait un moral d’acier et pourtant la maladie était trop avancée par rapport à certaines personnes atteintes du sida. Il a eu le sida à l’âge de 17 ans, il a fait confiance à un ex qui ne lui avait pas dit qu’il avait le sida. Au début, leur rapport était protégé et puis au bout de quelques mois, lui faisant confiance, son ex lui a transmis lors de rapports sexuels non protégés. C’est pour ça qu’il ne faut pas faire confiance comme ça sans avoir fait de dépistage et l’un et l’autre. Je faisais très attention lors de nos rapports. Et je faisais un dépistage très régulièrement ! Fabrice et moi étions très complices, fidèles l’un à l’autre tellement nous nous aimions fort. A nous deux, nous nous sentions invincibles, comme si nous ne faisions qu’uns ! Nous étions très tendres, très romantiques l’un envers l’autre. Un amour inconditionnel !
Mais il y’a un an et demi, la maladie a continué d’aller très vite, trop vite ! J’ai vu son état se dégradé de plus en plus. Il était très pâle, vraiment mince. Il ne bougeait plus, était fatigué. Ca me faisait souffrir de le voir comme ça. Mais je ne le montrais pas, je me montrais fort. Tous nos amis, mes parents, sa famille et moi-même étions là pour lui. Ce qui lui faisait beaucoup de bien. Il y’a 8 mois, il a dû être conduit d’urgence à l’hôpital. Il n’allait pas bien du tout. Il était de plus en plus fatigué, je voyais qu’il souffrait et qu’il n’en pouvait plus. Je me souviens qu’il m’a regardé et m’a dit : « Mon amour, je t’ai laissé une lettre que j’ai écrit il y’a quelques jours, tu l’as trouveras dans le tiroir de la table de nuit. » Puis, il a ajouté : « Je t’aime et t’aimerais toute ma vie » Je lui ai rétorqué que je l’aimais aussi et que je l’aimerais également toute ma vie. Nous nous sommes embrassés, on s’est serrés fort dans les bras l’un de l’autre. Puis, il m’a demandé d’aller chercher un verre d’eau et quand je suis revenu, il était mort ! J’étais anéanti ! J’ai hurlé pour appeler médecins et infirmières. Mais c’était trop tard. Je ne voulais plus le lâcher.
Quand je suis rentré chez nous, je suis allé directement lire la fameuse lettre qu’il m’avait écrite. Et voilà ce qu’il y’avait écrit : Mon Amour, si tu lis cette lettre, c’est que la maladie a gagné une bataille mais certainement pas la guerre, car si mon corps n’est plus là ! Mon esprit sera toujours auprès de toi et au plus profond de ton cœur ! Tu es le seul qui a su m’aimé comme j’étais et su me voir autrement que malade, ne m’en veut pas, si je pars, tu es et restera l’homme de ma vie. Ne me pleure pas trop s’il te plaît ! Et vis ta vie pour moi, pour nous. Je t’aime très fort et embrasse nos familles et nos amis pour moi. Je t’embrasse, Ton homme qui ne cessera jamais de t’aimer. Merci pour le bonheur que tu m’as fait pendant toutes ces années. Il a rajouté au bas de la lettre, PS : Evite de te goinfrer de chocolats comme tu le fais quand tu déprimes, ça fait grossir !
Après cette lettre, j’ai compris qu’il sentait que le moment de partir allait venir pour lui. J’ai éclaté en sanglots. Il me manque terriblement. C’est très dur de vivre sans lui ! J’essaie d’aller mieux mais c’est encore trop récent. Je ne me laisse pas pour autant aller. Je donne activement au Sidaction comme je l’ai toujours fais mais encore plus qu’auparavant. Je voudrais dire de par mon témoignage, qu’il faut se protéger et faire des dépistages régulièrement et faire des recherches pour ne pas être contaminés de cette putain de maladie ! Je voudrais dire aussi aux personnes atteintes de cette maladie, sachez que la maladie de mon copain était trop avancée pour qu’il puisse vivre plus longtemps et ceux depuis le début de la maladie. Il avait 36 ans. Je me réjouis de l’avancée qu’il y’a de plus en plus par rapport à la recherche du VIH. Soyez courageux, croquez la vie à pleines dents.
Je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous. Et surtout, prenez soin de vous ! Ne faites pas n’importe quoi pour une nuit ou avec des inconnus… Et rappeler vous que le dépistage est gratuit et anonyme ! Alors faites-le régulièrement ! Je lirais vos commentaires mais ne m’en voulez pas, je ne souhaite pas donner mon Facebook. Je voulais faire passer un message via mon témoignage, celui de ne pas faire confiance trop vite quand on ne connaît pas la personne. C’est important de faire un dépistage et se protéger et surtout de se renseigner sur les risques de transmissions ! Je me répète je sais, mais c’est nécessaire.
Soyez heureux et heureuses !
Maxime, 32 ans.