Primaire UMP à Paris : le très faible effet...
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Primaire UMP à Paris : le très faible effet "Manif pour tous"
L'ampleur de la mobilisation de la "Manif pour tous", qui avait semblé, un temps, pouvoir menacer les chances de succès de Nathalie Kosciusko-Morizet à la primaire UMP de Paris, ne s'est pas traduite dans les votes. Celle que de nombreux adversaires au mariage gay avaient appelé à battre a été élue dès le premier tour, avec un score sans appel : 58 %. Elle devance ainsi largement les anti-mariage Jean-François Legaret (20,4 %) et Franck Margain (10,34 %). Pierre-Yves Bournazel obtient 10,75 %. Les "anti" déclarés font donc à eux deux 30,7 %, quand les moins hostiles aux unions homosexuelles obtiennent ensemble les deux tiers des voix.
Le sujet s'était pourtant bien invité dans la campagne. Sous la pression d'un certain nombre d'opposants au Mariage pour tous, les concurrents de la primaire parisienne avaient tous dû se positionner sur la question. Les camps étaient assez explicites : deux candidats, Franck Margain, membre du Parti chrétien démocrate de Christine Boutin, et Jean-François Legaret, président du groupe UMP au Conseil de Paris, avaient multiplié les prises de position contre la loi, quand Nathalie Kosciusko-Morizet, archifavorite du scrutin, a été l'une des rares députées UMP à s'abstenir lors du vote de la loi. Enfin, Pierre-Yves Bournazel, le quatrième candidat, avait pris des positions favorables à l'union civile. Le site officiel de la "Manif" avait alors présenté, sur une page, les candidats en lice, en appelant à favoriser ceux qui s'étaient positionnés contre le mariage entre personnes de même sexe.
"FAIRE BATTRE" NKM
Le 27 mai, le blog Le Salon beige, l'un des points de ralliement des "ultras" du "Printemps français" (la composante la plus radicale du mouvement anti-mariage), se réjouissait que "la défaite de NKM soit à portée de main grâce à la mobilisation de la Manif pour tous". Un appel explicitement relayé par Ludovine de la Rochère, ancienne de la fondation anti-IVG Jérôme-Lejeune et présidente de la Manif pour tous, qui avait appelé, dans son discours en marge de la manifestation du 26 mai, à "faire battre" la candidate. L'extrême-droite, qui a fait sien ce combat, était sur la même ligne, comme l'illustre la une de l'hebdo Minute qui titrait, fin mai : "Pour trois euros [le prix de l'inscription à la primaire], payez-vous NKM".
L'offensive pouvait-elle réussir ? Sur le site Atlantico, Arnaud Folch, rédacteur en chef politique et société du magazine Valeurs Actuelles, laissait entendre dès le 18 mai que "les partisans de la Manif pour tous [étaient] en train de prendre le pouvoir sur la primaire parisienne UMP", assurant que la mobilisation aurait "une incidence forte, voire très forte" sur le scrutin. "Je peux vous assurer que de multiples réseaux, très bien organisés, s'activent pour la faire battre", assurait le journaliste.
C'était juste avant que le jeune chef de file de la "droite forte", Guillaume Peltier, ancien du MPF de Philippe de Villiers, appelle lui aussi à faire battre Nathalie Kosciusko-Morizet, s'attirant une volée de critiques de son camp avant de faire machine arrière.
UN RÉSULTAT QUI DÉMENT LES PRONOSTICS
Malgré la campagne menée contre elle, NKM a donc réussi à s'imposer face à ses concurrents. S'il faut prendre ces résultats avec précaution, du fait des nombreuses failles révélées par la presse sur le système de vote électronique employé par l'UMP, le décompte paraît sans appel.
La primaire, ouverte à tous les sympathisants de droite, a peu fait recette : 23 314 inscrits, 20 074 votants au total, soit moins que de militants UMP inscrits à Paris (la fédération en revendique "près de 30 000"), et très peu comparé aux 319 482 voix qu'obtenait Nicolas Sarkozy au soir du premier tour de la présidentielle dans la capitale.
Sur ces 20 000 votants, la favorite a obtenu 11 675 voix. Soit près du double des voix obtenues par les deux candidats jugés acceptables par les militants anti-mariage gay (6 170). Pas vraiment un effet "massif", donc, surtout compte tenu du nombre de manifestants que la "Manif pour tous" a pu déployer à Paris. Le rassemblement parisien du 21 avril, par exemple, avait attiré entre 45 000 (police) et 270 000 (organisateurs) personnes. Si on prend une moyenne à 150 000 personnes et si on estime que la moitié venaient d'ailleurs que Paris, moins d'un manifestant parisien du 21 avril sur dix a apporté son soutien aux candidats anti-mariage de l'UMP à Paris, comme l'y incitait l'organisation. Ce qui relativise sa capacité à mobiliser ou à se transformer en mouvement politique pérenne.
Samuel Laurent
source:lemonde.fr
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