Polémique autour de la levée de l’interdiction de soins funéraires pour les personnes mortes du VIH
Un syndicat de thanatopracteurs dénonce le risque de contamination et le manque d’assurance donnée par le ministère de la Santé.
Dès janvier 2018, les personnes mortes en étant porteuses du VIH ou de virus hépatiques seront traitées comme les autres. En effet, en juillet, le ministère de la Santé a pris un arrêté, dans ce sens, qui levait l’interdiction de pratiquer des soins funéraires sur ces corps. Comme le rapporte Francetvinfo, le geste avait alors été salué par les élus et des associations comme Actu-Up ou Aides.
Cet arrêté ministériel doit entrer en vigueur en 2018, mais une partie des professionnels des soins funéraires refusent de l’appliquer. Depuis le 22 août, une pétition lancée par le syndicat des thanatopracteurs indépendants et salariés circule en ligne. Elle demande le retrait pur et simple de cet arrêté, mettant en avant "le risque de piqûre ou de coupure", qui pourrait engendrer la transmission du virus, comme l’explique Francetvinfo
"Pas d’obligation de mener ces soins"
Cédric Ivanes, le président du syndicat des thanatopracteurs explique ainsi qu’il "n’existe aucune étude sur la durée de vie des virus une fois que la personne est morte". "On est pas obligé de faire ces soins" ajoute-t-il, expliquant que son syndicat étudiait la possibilité d’exercer un droit de retrait en 2018.
En face, les associations anti-sida ont appelé à la condamnation de cette pétition. Mikaël Zenouda, le président d’Act-Up Paris souhaite "obtenir des garanties auprès du ministère de la Santé sur l’entrée en vigueur effective de l’arrêté en janvier 2018".
Cédric Ivanes de son côté dénonce la dangerosité des instruments utilisés par la profession, qui peuvent causer facilement des entailles et des coupures. "On manie des scalpels, des aiguilles métalliques, des tubes de prélèvements pointus". L’hépatite C par exemple, peut se transmettre par l’exposition à de petites quantités de sang, ce qui explique la crainte d’une partie de la profession.
"Respecter les précautions universelles"
Mais Jean-Luc Roméro, conseiller régionale d’Île-de-France et membre de l’association des élus locaux contre le sida explique que "aucun cas de contamination d’un thanatopracteur n’a pour l’instant été rapporté". Si celui-ci admet que "les médecins ne mentionnent pas tous le sida dans les causes de mort et que 25 000 personnes ignorent qu’elles sont séropositives", il suffit selon lui de "respecter les précautions universelles" lors des soins, comme avec n’importe quel corps.
Dans sa pétition, le syndicat des thanatopracteurs propose lui de continuer ce qui se faisait déjà, à savoir la "toilette mortuaire". Il s’agit selon le syndicat d’un "acte identique au soin, à l’exception des actes invasifs de conservation (sutures et incisions), et qui permet de se recueillir dans les mêmes circonstances auprès du défunt".
sudouest.fr
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