SIDA : VERS UN VACCIN CURATIF ?
EN L'ABSENCE DE PUBLICATION SCIENTIFIQUE, BIOSANTECH ANNONCE DES RÉSULTATS CERTES ENCOURAGEANTS, MAIS PRÉLIMINAIRES, QUI INCITENT À LA PRUDENCE.
C'est ce matin que la start-up française Biosantech a présenté des résultats d'un essai chez l'homme d'un vaccin thérapeutique (et non préventif) contre le sida. Il s'agit, pour être précis, d'un essai dit de phase IIa, donc de la première partie d'études réalisées chez un nombre limité de patients homogènes, afin de déterminer la posologie optimale du produit en termes d'efficacité et de tolérance par rapport à un placebo. Seule la phase III permetDE MONTRER que la molécule répond – ou pas – à son objectif de départ, en l'occurrence qu'elle permettra de remplacer les lourdes trithérapies prises actuellement par les malades. La plus grande prudence s'impose donc aujourd'hui, et cela, d'autant plus que ces résultats ont été présentés à la presse mais pas à la communauté scientifique ou publiés dans une revue médicale, comme c'est normalement la règle.
En septembre dernier déjà, Biosantech avait présenté à la presse ces essais de phase IIa, menés au centre d'investigation de l'assistance publique de Marseille. Le communiqué rappelait que cet essai avait commencé le 2 septembre 2013, avec l'arrêt de la trithérapie du premier patient pendant deux mois. Il faut savoir que l'interruption de la prise de médicaments antirétroviraux entraîne, chez la très grande majorité des séropositifs, une remontée rapide de la charge virale (la quantité de virus dans le sang) en l'espace de quinze ours à un mois. "C'est la première fois qu'un vaccin thérapeutiqueFRANCHIT cette phase, précisait alors Corinne Treger, PDG de Biosantech. Elle suit la phase I, qui a commencé le 25 mars 2013, avec la pré-inclusion d'un premier patient."
DÉTERMINER LA DOSE LA PLUS EFFICACE
Cet essai de phase II a été réalisé sur 48 patients au total : 12 ont reçu un placebo et les 3 autres groupes de 12, des dosages différents. Mercredi matin, le directeur scientifique de Biosantech, Jean de Mareuil, a noté que ce travail avait permis de montrer l'absence de toxicité de la protéine Tat Oyi utilisée (le nom d'Oyi a été ajouté en référence à un patient gabonais résistant naturellement au VIH et chez qui cette protéine était capable de générer une bonne réponse immunitaire). Il a aussi servi à déterminer la dose la plus efficace. "À 33 microgrammes, le vaccin a permis à 4 patients sur 12 de baisser leur charge virale (quantité de virus dans le sang) à une dose "quasi indétectable" un mois après l'arrêt de la trithérapie", a-t-il précisé. Ce résultat est toutefois présenté comme "non significatif" en raison du petit nombre de personnes incluses dans l'étude.
Parmi les autres résultats annoncés, Biosantech cite une diminution à un an du stock des cellules réservoirs du VIH – là où le virus se cache et devient inaccessible aux médicaments – chez certains des patients vaccinés. Pour confirmer ces résultats, Biosantech espère pouvoir lancer dès la fin de cette année un nouvel essai portant sur 80 patients, après avoir obtenu l'accord de l'Agence du médicament. Mais, en attendant, Corinne Treger semble très désireuse de passer la main : "J'aiBESOIN D'ARGENT, j'ai envie que quelqu'un prenne le relais", a-t-elle déclaré ce matin. Son appel sera-t-il entendu ?
.lepoint.fr
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