Un homosexuel tué de 37 coups de couteau. Qu'en-est-il de la violence contre les homosexuels en Tunisie?
Un homme a été retrouvé mort chez lui dans la zone d’El Omrane Supérieur. La victime a été tué de 37 coups de couteau, a indiqué un communiqué du ministère de l'Intérieur, publié dimanche 3 septembre. Le communiqué révèle que le meurtrier, arrêté par le policiers, a reconnu qu’il avait raccompagné la victime pour avoir des relations homosexuelles chez lui avant de le tuer.
Des faits divers semblables sont constamment relayés par les médias. Quelle est l'ampleur de la violence touchant les personnes homosexuelles? Et quels en sont ses dessous? Pour Badr Baabou, président de l'association Damj qui milite pour la reconnaissance des droits des homosexuels, les affaires non médiatisées sont encore plus nombreuses et parfois plus sanglantes, déplore-t-il au HuffPost Tunisie.(Interview)
HuffPost Tunisie: En tant qu'association travaillant auprès de la communauté LGBTQ, vous avez des chiffres mesurant l'ampleur de la violence à l'égard de cette communauté?
Badr Baabou: Depuis 2011 nous avons commencé à documenter sur les violences à caractère homophobe. Il est difficile pour nous de les quantifier car beaucoup subissent en silence et refusent d'en parler publiquement. Toutefois notre constat est que la violence est devenue récurrente et ostentatoire ces dernières années. Les langues se sont déliés et les gens prouvent moins de gêne pour cracher leur haine en s'attaquant plus facilement aux gens en public. Il n'y a qu'à lire les commentaires abominants sur l'affaire du jeune tué à El Omrane Supérieur qui disent que c'est bien fait pour la victime, etc.
Depuis Juillet, on a recensé 25 agressions. L'année dernière, elles étaient de 180 avec des violences entrainant des blessures graves parfois.
La violence dont on ne parle pas assez est celle issue du milieu familial. Récemment à Mednine par exemple, un jeune homme a été trainé par terre par la voiture de son oncle lorsque ce dernier a découvert son orientation sexuelle. Dans certains milieux conservateurs de la Tunisie, cette violence passe sous silence.
Les tentatives de suicides des jeunes malmenés par leur entourage sont aussi fréquentes et alarmantes.
S'agissant de la prostitution chez les homosexuels et les dérives qu'elle engendre. Parvenez-vous à identifier les problèmes qui sont en rapport avec la prostitution?
La prostitution est un non-dit en Tunisie malgrè qu'elle soit très répandue. Certains homosexuels ou trans se tournent vers la prostitution pour subvenir à leurs besoins car ils sont rejetés par leurs familles. D'autres qui ne s'assument pas cherchent dans la prostitution un prétexte pour pratiquer leur réelle orientation sexuelle.
On pointe souvent du doigt la non-coopération des policiers, qu'en-est-il vraiment?
Certains policiers ne prennent pas au sérieux les personnes agressées qui portent plainte. Certains refusent d'écrire un PV. Sachant que les victimes ont souvent peur de se diriger à la poste de police après une agression, craignant de se trouver sur le banc des coupables.
huffpostmaghreb.com
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