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Education Nationale : l’importance d’aborder clairement le thème de l’homosexualité dans les collèges et les lycées.

Publié le par justin

Education Nationale : l’importance d’aborder clairement le thème de l’homosexualité dans les collèges et les lycées.

Il est possible de parler d’homosexualité, il est important d’en débattre, et il est primordial de le faire dans tous les collèges et les lycées de France.

La rentrée approche, et comme chaque année à cette époque, c’est le ministère de l’Education Nationale qui fait le plus parler de lui ! Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que c’est un ministère qui touche tous les citoyens français. Ainsi, tout le monde peut se permettre d’avoir un avis sur les réformes entreprises ou sur les idées du ministre qui y siège, puisque tout le monde est allé à l’école, tout le monde connait quelqu’un qui y est encore – que ce soit en tant qu’élève ou en tant que professeur – et tout le monde pourra être d’accord sur le fait que chaque réforme impactera une génération d’élèves qui formera la France de demain. Et ça, ce n’est pas rien.

Par conséquent, les sujets sensibles sont à éviter, au risque de se faire assaillir par les militants de la Manif’ pour tous, les sympathisants d’extrême droite ou les groupuscules religieux extrémistes (ou pas, d’ailleurs ; cf. le débat sur la représentation du clitoris dans les manuels de SVT)…!

Osons tout de même aborder celui de l’homosexualité, sans crainte, sans peur et surtout en toute honnêteté.

Nous avons donc rencontré Olivier*, professeur d’espagnol dans un collège de l’académie de Créteil, qui nous a donné son point de vue sur la question :

“J’enseigne dans un collège difficile, près de Paris, dans lequel l’homophobie et le sexisme sont très présents parmi les élèves. C’est un type d’homophobie bien particulier : j’appelle ça “l’homophobie d’ignorance”. En effet, beaucoup d’élèves n’ont malheureusement pas facilement accès à la culture, ou à d’autres environnements que ceux dans lesquels ils évoluent. Beaucoup d’entre eux vivent dans des cités dans lesquelles on prône une masculinité ultra puissante et où la tolérance n’a pas beaucoup de place.”

Olivier a ensuite évoqué le problème de la télévision en expliquant que le canular téléphonique de Cyril Hanouna avait fait beaucoup plus de mal qu’on ne pourrait se l’imaginer :

“Les seules images qu’ils ont des homosexuels sont bien souvent négatives ou exubérantes voire caricaturales, et viennent souvent des programmes qu’ils regardent à la télé. Je ne reviendrai pas sur ce qu’ils s’est passé l’an dernier dans l’émission de Cyril Hanouna, mais c’est quelque chose qui a eu un réel impact négatif dans l’image que se font les élèves des homosexuels, on a pu l’entendre dans leur discours… Beaucoup d’amalgames naissent de là… Imaginez alors l’angoisse d’un élève qui commence à découvrir que son orientation sexuelle ne sera sûrement pas la même que la plupart des autres.” 

Mais selon lui, tout n’est pas perdu, et on est souvent surpris par la maturité de beaucoup d’élèves quand on creuse un peu, derrière la carapace qu’ils s’obligent à avoir pour se protéger, paraître plus “cools” et ne pas s’exposer aux critiques des autres :

“Mais dans mon collège, on a décidé qu’il valait mieux être acteurs que spectateurs passifs de toute forme de discrimination. On s’est dit qu’on parlait depuis des années de racisme, qu’on commence de plus en plus à parler de sexisme, alors pourquoi n’aborderions nous pas le thème de l’homophobie ?”

C’est ainsi que certains professeurs de son collège se sont réunis afin de faire intervenir une association de lutte contre l’homophobie pour échanger avec toutes les classes de 4ème et de 3ème :

“L’homosexualité est un sujet qui reste encore un peu sensible dans certains établissements, nous avons donc estimé qu’il était plus judicieux de faire intervenir des professionnels. Au début, je dois vous avouer qu’on avait un peu peur des réactions des élèves, mais aussi des parents… Mais quel soulagement de voir que les intervenants, tous au top, savaient exactement comment s’adresser aux élèves sans les braquer. Les réactions étaient très vives, surtout de la part des garçons, au début de chaque intervention. Mais à force d’échanges, de débats et de témoignages d’homosexuels qui se sont faits rejetés par leurs parents, les élèves ont compris l’importance d’être ouvert d’esprit et tolérant aussi envers une orientation sexuelle différente. Ils ont naturellement mis ça en lien avec le racisme, sujet qui leur parle beaucoup, et tout s’est bien passé. Certains d’entre eux ont d’ailleurs eu des réactions super positives, limite émouvantes car inattendues de leur part.”

En ce qui concerne les parents, Olivier nous a expliqué que le collège s’attendait vraiment à des retours négatifs et l’équipe éducative y était préparée. Deuxième surprise : une seule famille s’est plainte.

Pour ce jeune professeur, il est donc primordial que plus de collèges et de lycées mettent en place ce genre d’intervention :

“Pour nous, c’était une victoire ! Quelques mois après l’intervention, on a demandé aux élèves de faire un retour anonyme à l’écrit sur leur vision de l’homosexualité et si elle avait évoluée depuis l’intervention de l’association. Nous avons pu voir les effets bénéfiques que cette intervention a pu engendrer ! On s’est dit que c’était des problèmes en moins pour la société française du futur : plus de tolérance et plus d’acceptation de l’autre. Que demander de plus ? En revanche, il faut vraiment qu’on se dise que le changement n’arrivera pas par en haut [ndlr : comprendre par le ministère], mais par en bas, avec nous, les professeurs.”

Il nous a d’ailleurs fait remarquer que, récemment, des progrès avaient aussi été faits grâce aux professeurs de SVT qui ont enfin eu ce que beaucoup d’entre eux voulaient depuis longtemps : la représentation du clitoris dans les manuels !

Notons tout de même que le ministère de l’Education Nationale s’engagerégulièrement pour lutter contre l’homophobie grâce à des lignes d’écoute et de soutien, mais aussi avec des campagnes nationales destinées à informer et sensibiliser les élèves et la communauté éducative (notamment grâce à des posters à afficher dans les établissements).

Un témoignage qui donne bon espoir, si tout le monde s’y met vraiment.

codesdegay.com

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