Narbonne: le centre de dépistage du Sida a baissé le rideau faute de moyens
Douche froide en plein été pour le Cdag (Centre de dépistage anonyme et gratuit du VIH et Hépatites) de Narbonne, l’annonce a été faite par l’ARS (Agence régionale de Santé), mi-juin, de la fermeture définitive de la structure. Depuis le 1er juillet, plus aucun dépistage n’est réalisé, «seuls les derniers résultats sont disponibles», a indiqué le Docteur Nathalie Morla qui était le médecin référent.
La raison de cette fermeture viendrait d’une décision administrative de l’Agence régionale de la Santé (ARS) qui n’a pas accordé le label Cegidd au centre narbonnais. Si le label n’est pas octroyé, les financements de l’ARS ne suivent logiquement pas. Pour le Docteur Nathalie Morla, les motivations de l’ARS sont floues: «J’ai été prévenue mi-juin. On nous a dit que le dossier n’avait pas été fait à temps puis ensuite que des conventions n’avaient pas été signées. Bien sûr, l’ARS nous a certifiés que cela ne remettait pas en cause la qualité de notre travail».
Malgré ce, le Docteur Morla n’aura plus la charge du centre et le personnel doit être affecté à d’autres tâches. Et pourtant l’activité du Cdag était loin d’être au ralenti: entre 1800 à 2000 visites par an. «Nous avons des migrants qui viennent au dépistage. Nous allions mettre en place des visites auprès des prostitué(e)s», a ajouté le Docteur Morla.
Le centre travaillait également en direction des mineurs et majeurs, quelle que soit leur orientation sexuelle. Selon une source proche du dossier, les cordons de la bourse ont craqué: «L’activité d’un Cegidd est plus importante qu’un centre de dépistage. Il aurait fallu doubler le personnel».
- Un partenariat avec Perpignan?
Alors quelle solution pour les Narbonnais? Se rendre à Perpignan, Carcassonne ou Béziers. Pas toujours évident, surtout lorsque la population du Cdag était constituée de lycéens soucieux de leur santé. Au centre hospitalier, une réunion aurait été menée pour trouver une parade. Le centre de Narbonne pourrait devenir une «annexe» du centre de Perpignan et profiter ainsi d’une partie de son financement. Pour le moment, il s’agit d’une piste de travail sans garantie de réouverture du centre.
Malgré nos sollicitations, il n’a pas été possible de joindre, hier, le centre hospitalier de Narbonne, ni l’Agence régionale de Santé.
Déjà 250 signatures sur la pétition en ligne
Le docteur Nathalie Morla qui avait la charge du Cdag a tenu à réagir en lançant une pétition sur internet : « Nous avons déjà obtenu deux cent cinquante signatures ». Cette pétition vise à faire pencher la balance vers la réouverture de la structure à Narbonne. Des décisions administratives viendraient ainsi bloquer le financement du Cdag de Narbonne. Sa fermeture a été ainsi inévitable au 1er juillet dernier. Pour les dépistages du VIh, Hépatites et maladies sexuellement transmissibles, les usagers n’ont désormais plus de centre à Narbonne.
Recrudescence des contaminations VIH
Cette décision est d’autant plus surprenante que le bulletin épidémiologique n° 18 du 18 juillet dernier de la Santé publique (Institut de veille sanitaire) fait état d’une recrudescence des contaminations au VIH « les 6 000 nouvelles découvertes de séropositivité chaque année pèsent encore lourdement sur le fardeau de la maladie, sur notre système de santé et témoignent des insuffisances en matière de prévention ». La prévention, justement, est considérée par l’Invs comme un vecteur important dans la lutte contre l’épidémie. La fermeture de la structure narbonnaise remet en question la diffusion de l’information et l’égalité pour tous à l’accès aux soins.
Une pétition a été ouverte : CDAG NARBONNE sur www.change.org
.lindependant.fr
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