Suite à l’agression d’un jeune homme, le 22 juin dans une rue près de la cathédrale, (dont nous avons parlé dans nos colonnes ce 27 juin), l’enquête, menée par les policiers du commissariat de Saint-Dié-des-Vosges s’oriente vers un acte homophobe.
À 20 ans, Eric* est du genre fluet, à peine 40 kg. Impossible pourtant aujourd’hui de ne pas le remarquer, avec les bleus qui marquent son visage juvénile et le cocard impressionnant qui orne son œil droit.
Jeudi 22 juin, à 21 h, il s’est fait agresser par deux hommes près de la cathédrale. « Je sortais de mon travail aux alentours de 21 h, j’allais mettre du verre dans les containers de tri tout proches, quai du Torrent, quand deux hommes sont passés en voiture à ma hauteur à faible allure. Le passager a sorti la tête pour m’insulter », résume Eric, entre colère et larmes. Les propos fleuris fusent ‘’petite sal…’’ entre autres. Eric tourne les talons pour s’enfuir. « Les insultes, j’ai l’habitude, j’en ai toujours entendues. Je sais aussi qu’il y a certains quartiers de la ville dans lesquels je ne peux pas mettre les pieds. C’est trop risqué pour les gens comme moi. »
Œil explosé, pommette fracturée
Les gens comme lui ? Les homosexuels. « Oui je le suis et je l’assume mais je ne l’affiche pas », reprend le jeune homme qui, ce jeudi 22 juin a dû pour la première fois de sa vie faire face à la violence physique. « Le passager est descendu de la voiture, il s’est précipité vers moi et m’a donné un grand coup de poing dans la figure. » L’agression est interrompue par deux passants qui déboulent pour empêcher l’agresseur présumé de frapper à nouveau Eric. La voiture avec le chauffeur et son passager prennent la fuite. La victime est prise en charge par les pompiers et conduite à l’hôpital Saint-Charles. Bilan : une ITT de trois semaines, la mâchoire touchée à tel point qu’il a dû manger à la paille, la pommette droite fracturée et l’œil droit explosé. Des blessures qui ont nécessité une intervention chirurgicale au CHU de Nancy-Brabois. La vie d’Eric, elle, s’est arrêtée sur ce bout de trottoir. « Ces gens, je ne les connais pas. Ils n’ont pas aimé ma façon de marcher c’est tout. En quelques secondes, ils ont tout bousillé. J’avais un travail, j’économisais pour payer mon permis. Aujourd’hui ? J’ai peur. Peur de sortir, peur des représailles. »
Le jeune homme n’est pas tranquille. Impossible pour lui de retourner travailler, il craint de retomber sur ses agresseurs. « Je ne sais pas ce qui se serait passé si personne n’avait vu l’agression. Je ne sais pas jusqu’où ils seraient allés. Je veux prévenir : aujourd’hui encore, on peut se faire agresser juste parce qu’on est homo. »
*Le prénom a été modifié.
vosgesmatin.fr
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