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ILE de la REUNION : Naïl Varatchia le prédicateur, projetait un attentat à la Réunion, notamment contre des homosexuels

Publié le par justin

ILE de la REUNION : Naïl Varatchia le prédicateur, projetait un attentat à la Réunion, notamment contre des homosexuels

Après deux ans d’enquête, le Dionysien de 23 ans sera jugé le 16 juin prochain devant le tribunal correctionnel de Paris. Soupçonné d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et d’apologie du terrorisme, notamment pour avoir aidé au départ de "combattants" en Syrie", Naïl Varatchia aurait également évoqué un attentat "dans une discothèque du sud de l’île".

 

Il nie en bloc. Et pourtant, au fil des auditions, ce volet du dossier est revenu à plusieurs reprises dans la bouche de ses anciens disciples. Alors qu’il est soupçonné d’avoir été un prédicateur salafiste, à l’origine de l’envoi de plusieurs Réunionnais pour faire le djihad en Irak et en Syrie, Naïl Varatchia aurait également exprimé son intention de commettre un attentat-suicide à la Réunion. Certains suspects et témoins évoquent un projet "en France", d’autres dans "une grande surface" ou "un endroit avec du monde" sans précision géographique. Mais plusieurs de ces récits s’accordent sur une cible plus concrète : "Une discothèque de Saint-Pierre tenue par un homosexuel" et perçue comme un lieu de "perversion".

Radicalisé en Égypte

Ces incohérences, et le fait qu’aucun élément permettant de commettre un attentat n’ait été retrouvé lors des perquisitions, peuvent laisser penser à des paroles en l’air. Pour autant, et toujours selon ses élèves, Naïl Varatchia aurait mené des recherches autour de ce projet. Il se vantait de "savoir fabriquer une bombe artisanale" et une photo de ceinture d’explosifs a été retrouvée sur son portable, sans qu’il puisse s’expliquer à ce sujet. Dans ces conditions, nul doute que cette question va peser sur les débats lors de son procès, désormais imminent. Après deux ans d’enquête, le Dionysien, âgé de 23 ans, sera jugé le 16 juin prochain devant le tribunal correctionnel de Paris. Pour rappel, Naïl Varatchia a été interpellé par les policiers de la Direction générale des services intérieurs (DGSI), le 2 juin 2015. À l’issue de sa garde à vue, le prédicateur présumé avait rapidement été transféré à Paris pour être placé en détention provisoire, où il se trouve toujours. Depuis, les investigations le concernant ont été menées par un juge d’instruction de la section anti-terroriste. L’arrestation de ce jeune homme avait profondément ému localement. Jusque-là préservée, La Réunion se trouvait confrontée au djihadisme pour la première fois. Et la future audience s’annonce tout aussi déconcertante tant le prévenu, et malgré des revirements, semble avoir été une porte d’entrée de la nébuleuse salafiste sur notre île. Sa radicalisation, qu’il reconnaît d’ailleurs, a débuté lors de voyages. Éduqué dans une famille à la réputation irréprochable, Naïl Varatchia obtient un BAC S en 2011 au lycée privé catholique Levavasseur, où il est considéré comme un élève studieux. Alors qu’il travaille dans la boutique de vêtements de son père, il part d’abord en Angleterre suivre des cours dans un institut théologique puis en Inde pour un pèlerinage spirituel. Pour autant, ce parcours n’a rien d’intrigant pour un jeune pratiquant. C’est lors d’un séjour en métropole, en 2012, qu’il dit avoir rencontré un homme, connu pour être un prédicateur très influent, qui l’aurait rallié à l’idéologie d’Al Qaïda et du Jabhat Al Nosra (branche syrienne d’Al Qaïda). Déjà en voie de radicalisation, Naïl Varatchia bascule lors d’un stage de trois mois dans un autre institut situé à Alexandrie, en Égypte, ce qui lui vaudra d’ailleurs le surnom de "l’Egyptien". Officiellement dédiée à l’apprentissage de la langue arabe, cette structure traîne une réputation sulfureuse qui a d’ailleurs débouché sur sa fermeture.

Les homosexuels pour cible

De retour à la Réunion, Naïl Varatchia commence ses "cours" début 2013. Son premier et "meilleur" élève sera Anthony M., qui deviendra son lieutenant. Dionysien au profil inquiétant, ce dernier serait encore combattant dans les rangs de Daesh (lire par ailleurs). Pendant 2 ans, Naïl Varatchia prêche et recrute. De son propre aveu, et même s’il nie avoir encouragé aux départs en Syrie, son groupe a compté jusqu’à 17 membres plus ou moins assidus. Mais au-delà de ces "enseignements", le Réunionnais est aussi très actif sur les réseaux sociaux. Internet lui permet de diffuser des photos et messages de propagande - et est d’ailleurs un vecteur important de radicalisation -, mais aussi d’entretenir des liens avec des "figures" du djihadisme international. Les investigations ont ainsi démontré des contacts avec des prédicateurs de la région lyonnaise et initiateurs d’une importante filière de recrutement. Plusieurs d’entre eux sont désormais en Syrie. Le Réunionnais entretenait aussi et surtout une correspondance régulière avec Omar Diaby, prédicateur djihadiste à l’influence considérable via des vidéos sur internet. Certains le désignent comme à l’origine d’une vague de départs en 2013, notamment de jeunes Niçois, ville où il a vécu, qu’il a ensuite rejoint pour en prendre la tête. Il aurait alors mené un groupe de 150 combattants affilié à Jabhat Al Nosra. Décrit comme l’un des fondateurs du "cyberdjihadisme", Omar Diaby, surnommé "Omar Omsen", est aussi inscrit sur la liste des "terroristes internationaux" établit par les États-Unis. Ce dernier aurait précisément invité Nail Varatchia à venir combattre en Syrie et avait visiblement une certaine ascendance sur lui. Selon ses élèves, le Dionysien avait prévu de rejoindre ses disciples une fois qu’ils seraient tous partis. Et aurait alors annoncé que, s’il ne parvenait pas à quitter le territoire français car se sachant signalé, il commettrait un attentat. Des actions violentes dans les pays d’origine justement prônées par les "cadres" du djihadisme international, tel Omar Diaby, depuis que les candidats au départ sont davantage surveillés. Alors qu’il aurait évoqué les homosexuels comme cibles, Naïl Varatchia, toujours sur les réseaux sociaux, s’intéressait précisément aux profils de travestis juste avant son interpellation... Contacts qui pourraient laisser penser à la première étape en prévision d’une opération. Autant de points sur lesquels il devra prochainement s’expliquer devant la justice. Contactés par le Jir, ses avocats, Mes Normane Omarjee et Gabriel Odier ont refusé de répondre à nos questions et "réservent leurs déclarations au tribunal".

Emprisonné en métropole

Naïl Varatchia a déjà connu une audience publique devant le tribunal de Paris. C’était le 28 avril dernier et celle-ci portait sur sa détention provisoire. Pour les suspects de délit, ces débats sur l’incarcération doivent se tenir tous les 4 mois et deviennent publics une fois que le procès au fond est audiencé et l’enquête est donc terminée. Sans surprise, le Réunionnais a été maintenu en détention provisoire où il se trouve depuis le 8 juin 2015 et son transfert à la prison de Fresnes, en région parisienne. Selon nos informations, il fait preuve d’un bon comportement en détention. De là à savoir s’il est complètement repenti... Sa position lors de la prochaine audience reste un mystère à cette heure. Il sera donc jugé devant la 16e chambre du TGI de Paris, spécialisée dans les affaires de terrorisme.

Des familles dépassées

C’est une constante dans les affaires de terrorisme, et notamment dans les cas de recrutement. Ce n’est qu’au moment de la disparition des intéressés que les familles prennent conscience de la gravité de la situation. Dans cette affaire encore, les signalements les plus sérieux ne viendront que trop tard pour les six jeunes que la filière Varatchia aurait envoyés au djihad. Ces futurs combattants, accompagnés de leur conjointe pour certains, étaient déjà arrivés au Proche-Orient ou déjà loin quand les proches ont prévenu la police via le centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation. Dans le cas de Naïl Varatchia, sa famille, dont la réputation est irréprochable, avait détecté un mal-être chez le jeune homme mais n’avait jamais imaginé une telle situation.

Entraînements au combat

Là encore, le principal intéressé s’en défend. Selon ses élèves, les cours de Naïl Varachia ne se limitaient pas un embrigadement idéologique. Ils étaient aussi accompagnés d’un entraînement physique et technique en vue du combat. Certains racontent de longues séances de musculation. D’autres indiquent aussi avoir suivi des exercices de tirs avec des carabines à plomb. Des sessions d’entraînements "militaires" dans le lit de la rivière du Mât sont aussi évoquées.

Jabhat Al-Nosra et Daesh

Ces organisations étant par définition opaques, même les plus grands experts n’arrivent pas à s’accorder sur leurs fonctionnements et notamment les alliances qui les lient. Toujours est-il que, en 2013, et même si les lignes ont bougé depuis, Jabhat Al-Nosra et Daesh (État islamique) ne partageaient pas les mêmes visions du djihad. Le premier groupe, affilié à Al Qaïda, défendait un combat régional contre le pouvoir de Bachar el-Assad. Le second a toujours adopté une rhétorique expansionniste et une lutte mondiale, notamment via des attentats à l’étranger. Une nuance qui peut avoir son importance dans le cas de Naïl Varatchia, qui prêchait en faveur de Jabhat Al-Nosra et non Daesh. Début 2015, la donne a cependant changé. Le dernier tweet du Réunionnais, posté la veille de son arrestation, est d’ailleurs sans équivoque : "Quiconque s’oppose à l’EI (Daesh) fait clairement parti du camp du Kufr (mécréant NDLR)".

caraibcreolenews.com

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